(Colombo) Une foule a tenté mardi d’envahir le bureau du président sri-lankais, sur fond de colère croissante contre l’envolée des prix suscitée par la pire crise économique et financière de l’histoire moderne de l’île.

Les prix de la nourriture, des médicaments et autres produits essentiels explosent, les files d’attente s’allongent devant les stations-essence et les pannes de courant sont devenues la norme. Les commerçants ne peuvent plus payer les importations faute de devises.

Peu après un entretien du président Gotabaya Rajapaksa avec une délégation du Fonds monétaire international (FMI) en visite sur l’île, plusieurs des axes principaux de Colombo ont été bloqués par des manifestants, parvenus à se rassembler dans la capitale malgré les fortes perturbations des transports publics depuis plusieurs semaines en raison du manque de carburant.

À l’initiative du principal parti d’opposition du pays, le SJB (Samagi Jana Balawegaya), une foule s’est alors formée pour entourer le secrétariat de la présidence. Des affrontements ont éclaté avec la police armée qui a repoussé des manifestants tentant de faire irruption dans le bâtiment.

La foule scandait des slogans appelant à la démission de M. Rajapaksa.

« Ces gens sont venus ici dire au président de rentrer chez lui s’il n’est pas capable de résoudre les problèmes économiques sans précédent auxquels les gens ordinaires font face », a déclaré un parlementaire du SJB, Harin Fernando.

Selon les autorités, l’île d’Asie du Sud traverse sa pire crise financière depuis son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne, en 1948.

Les attentats islamistes de Pâques 2019 suivis de l’épidémie de COVID-19, un an après, ont eu des conséquences désastreuses sur le Sri Lanka, privant ce pays de 22 millions d’habitants de sa manne touristique, principale pourvoyeuse de devises étrangères.

Le gouvernement a dû imposer des restrictions drastiques afin de contrôler ses réserves de devises, et a interdit de nombreuses importations depuis mars 2020.

Les agences internationales de notation ont baissé leurs notes ce qui empêche le pays d’accéder aux prêts commerciaux, en jetant le doute sur la capacité du gouvernement d’assurer le service de sa dette extérieure qui s’élève à 51 milliards de dollars.

Les prix du carburant ont grimpé de près de 80 % depuis début février, ceux de la nourriture d’un quart selon des données de janvier.

La semaine dernière, le Sri Lanka a autorisé la dépréciation de la roupie, ce qui a entraîné une chute de 25 % par rapport au dollar et provoqué un regain d’inflation.

Au début du mois, le FMI avait exhorté Colombo à dévaluer sa monnaie et à augmenter les impôts, mettant en garde le pays, au bord de la faillite, contre sa dette « insoutenable ».

Le gouvernement sri-lankais est divisé sur un éventuel renflouement du pays mais l’institution internationale s’est dite « prête à discuter des options si on le lui demandait », dans un communiqué publié lundi.