(Lahore) Quelques milliers de femmes se sont rassemblées mardi dans les grandes villes pakistanaises pour la défense de leurs droits, lors de marches qui se sont déroulées dans le calme en raison d’une forte présence policière.

Ces défilés pour la journée internationale des droits des femmes ont eu lieu notamment à Islamabad, la capitale, Karachi, la grande mégalopole du Sud, et Lahore (Est), la capitale culturelle, où les autorités avaient vainement tenté d’annuler l’évènement.

Dans une société toujours très conservatrice et patriarcale, les marches du 8 mars sont chaque année mal accueillies depuis la première édition en 2018.

Cette année, le calme a toutefois prévalu, même si plusieurs mouvements islamistes avaient par avance dénoncé les manifestantes.

Au Pakistan, des femmes ont été tuées par balle, au couteau, étranglées, lapidées ou brûlées pour avoir « sali l’honneur » de leur famille. Leurs défenseurs sont accusés par les conservateurs de promouvoir les valeurs libérales de l’Occident et de ne pas respecter les sensibilités religieuses et culturelles locales.

À Lahore, l’administration locale avait demandé aux organisateurs d’annuler la marche pour les droits des femmes en invoquant des craintes pour la sécurité des manifestantes, et avait menacé de ne pas fournir de service de sécurité.

Saisi par les militantes, un tribunal de Lahore a finalement ordonné qu’elle ait bien lieu.

Environ 2000 personnes y ont pris part, sous une forte protection policière, et dans une ambiance plutôt bon enfant. C’était aussi le cas à Karachi, où un millier de femmes étaient réunies.

« Je participe à la marche chaque année », a déclaré à Lahore Sairah Khan, 23 ans, une étudiante en université.

Cette année, il était à ses yeux particulièrement important d’être présente, car « nous avons eu plusieurs cas récemment où ceux qui ont commis des violences contre des femmes s’en sont tirés sans conséquence », a-t-elle expliqué à l’AFP.

Des contre-manifestations non violentes, qualifiées de « marches hijab », ont aussi été organisées dans ces villes par des groupes religieux conservateurs appelant à préserver les valeurs islamiques qu’ils considèrent comme menacées par les mouvements féministes.

En 2020, des islamistes avaient lancé des bâtons et des pierres sur les manifestantes défilant à Islamabad, en blessant certaines et forçant d’autres à se mettre à l’abri jusqu’à ce que la police intervienne.

Des vidéos et images retouchées des marches de 2021 ont cette année été diffusées sur les réseaux sociaux et même sur une populaire chaîne de télévision, accusant à tort les manifestantes d’avoir eu recours à des slogans blasphématoires, une offense passible de la peine de mort au Pakistan.