(Nations unies) Les États-Unis et leurs partenaires européens au Conseil de sécurité de l’ONU, sans levier ni nouvelle idée, ont échoué lundi à faire adopter par la Chine et la Russie un texte « basique » contre la Corée du Nord, qui vient de procéder à un énième essai de missile balistique présumé.

« Nous aurions aimé avoir la Chine et la Russie avec nous » pour ce texte, a déclaré à l’AFP l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, à l’issue d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur la Corée du Nord, convoquée en urgence par les Occidentaux après l’expérimentation nord-coréenne.

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L’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield

Flanquée de 10 ambassadeurs, dont quatre non membres du Conseil de sécurité (Australie, Japon, Nouvelle-Zélande et Corée du Sud), la diplomate américaine a lu un texte conjoint affirmant l’unité de ce groupe « condamnant […] le tir du 5 mars par la Corée du Nord d’un missile balistique ».

Comme les 10 autres lancements de missiles balistiques depuis le début de l’année, cet acte de la Corée du Nord a violé de multiples résolutions du Conseil de sécurité.

Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis à l’ONU

« Alors que la Corée du Nord intensifie ses actions déstabilisatrices, le Conseil de sécurité continue de garder le silence. Chaque lancement de missile balistique qui aboutit à l’inaction du Conseil sape la crédibilité du Conseil de sécurité de l’ONU lui-même face à la Corée du Nord et sape le régime mondial de non-prolifération », a-t-elle dénoncé, sans mentionner la Chine et la Russie.

Selon des diplomates, ces deux pays ont été les seuls à s’opposer lors de la réunion à un texte « basique » et très court, destiné à montrer l’unité du Conseil face aux expérimentations de Pyongyang.

Ce texte disait que le « Conseil s’était réuni », qu’il y avait eu « violations » de ses résolutions, et « appelait au dialogue », a précisé à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat.

« Déterminer une approche »

Depuis la dernière expression d’unité du Conseil de sécurité face à la Corée du Nord, exprimée en 2017 avec l’adoption à l’unanimité de plusieurs trains de sanctions pour la forcer à arrêter ses programmes nucléaire et balistique, c’est « la 17e fois » que la Chine s’oppose à l’adoption d’un texte proposé par les États-Unis et les Européens, a ajouté la même source.

Rappelant que les États-Unis de Joe Biden (comme la précédente administration de Donald Trump) avaient proposé un « dialogue » à la Corée du Nord, l’ambassadrice des États-Unis a déploré le refus de Pyongyang de s’engager dans une voie pacifique.

Nous sommes prêts à collaborer et à déterminer une approche mutuellement acceptable avec les autres membres du Conseil pour répondre aux provocations de la Corée du Nord.

Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis à l’ONU

« Le Conseil a la responsabilité de parler publiquement des violations claires et répétées [de ses] résolutions ». « Nous appelons tous les membres du Conseil à parler d’une seule voix pour condamner ces actes dangereux et illégaux », a-t-elle ajouté, en saluant l’engagement à ce sujet aux côtés de Washington des Européens et du Brésil, membres du Conseil de sécurité, ainsi que des quatre pays d’Asie-Pacifique déjà cités.

Dimanche, la Corée du Nord avait annoncé avoir procédé la veille à « un nouvel essai important » en vue du développement d’un satellite de reconnaissance, mais les analystes estiment qu’il s’agit plutôt d’un lancement de missile, à quelques jours de la présidentielle en Corée du Sud.

La Corée du Nord fait l’objet de sanctions économiques internationales très sévères en raison de ses programmes nucléaire et balistique, mais les lancements de satellites à des fins pacifiques ne sont pas soumis au même niveau de restrictions, bien que les fusées qui les transportent utilisent en grande partie la même technologie.

En dépit de ces sanctions, Pyongyang a jusqu’à présent rejeté toutes les offres de dialogue depuis l’échec en 2019 des négociations entre le dirigeant Kim Jong-un et le président américain de l’époque Donald Trump.