(Lahore) Le frère d’une starlette pakistanaise des réseaux sociaux, condamné à la perpétuité en 2019 pour avoir assassiné « pour l’honneur » la jeune femme en 2016, a été acquitté en appel au Pakistan, a annoncé lundi son avocat.

La victime, Qandeel Baloch, de son vrai nom Fauzia Azeem, brune de 26 ans au regard clair, était surnommée la Kim Kardashian pakistanaise.

Cette starlette des réseaux sociaux y apparaissait toujours soigneusement coiffée et maquillée, dans des poses provocatrices, parfois jugées scandaleuses par ses compatriotes les plus conservateurs.

Son frère, Muhammad Waseem, qui avait fièrement reconnu l’avoir étranglée pour son « comportement intolérable », avait été condamné à la prison à vie.

« Il a été totalement acquitté » par un tribunal de la ville de Multan, dans l’Est du pays, a indiqué à l’AFP son avocat Sardar Mehboob, sans donner plus de détails. L’ordonnance du tribunal n’a pas encore été rendue publique.

PHOTO SHAHID SAEED MIRZA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des policiers emmènent Muhammad Waseem, menotté, après le verdict de culpabilité pour le meurtre de sa sœur, Qandeel Baloch, une célébrité des médias sociaux pakistanais, à Multan, le 27 septembre 2019. Waseem, déclaré coupable d’un des « crimes d’honneur » les plus notoires du pays a été acquitté le 14 février 2022 après avoir purgé moins de six ans de prison.

L’assassinat de la jeune femme avait provoqué une onde de choc au Pakistan, où des centaines de femmes sont tuées chaque année par des proches sous prétexte qu’elles auraient sali l’honneur familial.

Depuis une récente modification de la loi pakistanaise, les parents d’une victime d’un crime d’honneur ne peuvent plus pardonner à son assassin, souvent un membre de la famille, ce qui jusqu’alors permettait de soustraire ce dernier à l’action de la justice.

Mais le juge chargé du dossier peut toujours choisir de ne pas retenir la notion d’honneur parmi les chefs d’accusation, auquel cas le meurtrier peut toujours demander l’absolution.

Dans un premier temps, les parents de Qandeel Baloch avaient affirmé qu’il n’y aurait « pas de pardon » pour son fils, avant de se raviser et d’excuser son acte.

Un avocat de la mère a déclaré qu’elle avait donné « son consentement » pour pardonner à son fils, selon son avocat Safdar Shah.

Muhammad Waseem devrait être libéré dans les prochains jours, après avoir passé moins de six ans en prison.

« Waseem peut désormais être libre alors que Qandeel a été condamnée pour avoir outrepassé les limites de ce qui est considéré comme un comportement “acceptable” pour les femmes au Pakistan », a commenté à l’AFP Sanam Maher, auteure d’une biographe de Qandeel Baloch.

« Après le verdict d’aujourd’hui, on peut se demander qui l’a tuée ? » a-t-elle ajouté.

Trois mois après les faits, le Parlement pakistanais avait adopté à l’unanimité une loi contre ce fléau.