(Paris) Les actionnaires d’un gazoduc exploité par Total en Birmanie, dont une entreprise contrôlée par l’armée birmane, vont cesser de percevoir des versements, a annoncé mercredi le groupe pétrolier français, qui a été critiqué pour son rôle dans le pays.  

« Compte tenu du contexte instable en Birmanie, suite à une proposition conjointe par Total et Chevron lors de l’assemblée générale de MGTC (Moattama Gas Transportation Company Limited) du 12 mai dernier, toutes les distributions aux actionnaires de cette société ont été suspendues », a affirmé Total dans un communiqué. Parmi ces actionnaires figurent la Birmanie Oil and Gas Enterprise (MOGE), contrôlée par l’armée birmane.

Les autres actionnaires sont Total (31,24 %), l’américain Chevron (28,26 %) et le thaïlandais PTTEP (25,5 %).

Total est présent en Birmanie depuis 1992 et plusieurs ONG l’ont pressé de « cesser de financer la junte ».  

Selon Le Monde, le montage financier autour du gazoduc aurait permis de diriger depuis des années des centaines de millions de dollars tirés des ventes de gaz directement vers les militaires de ce pays.

Total avait pour sa part réfuté l’existence d’un montage particulier, l’estimant « classique » et avalisé par les autorités précédentes.

D’après son rapport annuel, le groupe avait versé 37 millions de dollars d’impôts et taxes dans le pays l’an dernier. S’y ajoutent des livraisons de gaz sous forme de « droits à la production » pour une valeur de 138 millions.  

L’annonce de la suspension des versements aux actionnaires « ne concerne qu’environ 10 % des paiements et s’inscrit dans un contexte où la pression s’accroît sur le groupe » pétrolier a estimé la coordinatrice de l’ONG Info-Birmanie Sophie Brondel.

Le MGTC achemine le gaz provenant du gisement en mer de Yadana, que Total continue d’exploiter.  

« Total continue d’opérer le champ de Yadana de façon responsable, en maintenant la production de gaz dans le cadre des lois en vigueur, afin de ne pas interrompre la fourniture d’électricité qui est indispensable aux populations de la Birmanie et de la Thaïlande », explique le groupe.

Il ajoute qu’il « condamne la violence et les abus des droits humains » et « réaffirme qu’il respectera toute décision qui pourrait être prise par les organisations internationales ou nationales compétentes, y compris les sanctions applicables imposées par les autorités européennes et américaines ».