(Séoul) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le chef du Pentagone Lloyd Austin se sont entretenus mercredi avec leurs homologues à Séoul pour renforcer un front commun face à la Corée du Nord et aux ambitions croissantes de Pékin.

La Corée du Sud est la deuxième étape du premier déplacement des deux responsables américains à l’étranger après le Japon, deux alliés clés des États-Unis dans la région.

L’administration Biden a à cœur de consolider les liens des États-Unis avec leurs partenaires traditionnels en Asie à un moment où la Chine ne cesse d’afficher sa puissance.

Avant de quitter Tokyo, M. Blinken a accusé Pékin de se montrer de plus en plus répressif sur son sol, et « de plus en plus agressif à l’étranger », en citant notamment les dossiers de la mer de Chine méridionale, de la mer de Chine orientale et de Taïwan.

« Il est important pour nous d’affirmer clairement ensemble que la Chine ne peut espérer agir en toute impunité », a déclaré M. Blinken.

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Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le ministre sud-coréen de la Défense Suh Wook.

« C’est un nouvel exemple clair de la manière dont les États-Unis et le Japon œuvrent en collusion pour s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine », a réagi mercredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

M. Austin a déclaré au ministre sud-coréen de la Défense Suh Wook que leur alliance faisait face à « des défis sans précédent posés par la République démocratique populaire de Corée et la Chine ».

La question nord-coréenne figure en effet en bonne place des discussions des deux hommes en Corée du Sud, où les États-Unis comptent 28 500 militaires déployés dans l’éventualité d’une attaque de Pyongyang.

Ils doivent évoquer la nouvelle politique à l’égard de la Corée du Nord menée par l’administration Trump.

États-Unis et Corée du Sud ont entamé des manœuvres militaires conjointes la semaine dernière, alors que la sœur du leader nord-coréen Kim Jong-un, l’influente Kim Yo Jong a conseillé à Washington « de ne rien entreprendre qui vous fasse perdre le sommeil […] si vous voulez dormir tranquilles pendant les quatre ans à venir ».

Quatre ans étant la durée du mandat présidentiel aux États-Unis, cette déclaration était la première référence explicite du régime nord-coréen au nouveau président Joe Biden, pourtant élu depuis quatre mois. Pyongyang n’a cependant toujours pas mentionné sous son nom le dirigeant démocrate depuis qu’il a battu Donald Trump.

Corée du Nord ou péninsule coréenne ?

Jeudi, les deux émissaires américains rencontreront le président sud-coréen de centre gauche Moon Jae-in, qui avait joué un rôle clé dans la spectaculaire détente apparue en 2018 sur la péninsule, marquée par plusieurs rencontres historiques entre MM. Trump et Kim.

Des différences subtiles sont apparues dans les comptes rendus respectifs de la réunion des ministres de la Défense des deux pays mercredi.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré qu’ils avaient souligné leur engagement à parvenir à la « dénucléarisation de la Corée du Nord ».

Le ministère de la Défense à Séoul a pour sa part indiqué qu’ils avaient évoqué « les objectifs communs de parvenir à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne et à une paix permanente dans la région ».

Le terme de « Corée du Nord » employé par Washington est un anathème pour Pyongyang qui préfère la référence plus large et plus ambigue à la péninsule coréenne, qui pourrait englober le parapluie nucléaire américain sur le sud.

La différence pourrait mettre Séoul face à un dilemme diplomatique : depuis l’échec du sommet Kim-Trump à Hanoï en février 2019, l’administration du président Moon a tenté à plusieurs reprises des ouvertures envers Pyongyang, sans succès.