(Washington) Le président afghan Ashraf Ghani a déclaré vendredi compter sur la nouvelle administration de Joe Biden pour faire pression sur les talibans et prendre « la bonne décision » sur la présence militaire américaine en Afghanistan.

M. Ghani, qui s’exprimait lors d’une conférence virtuelle du centre de réflexion Aspen Institute, a réaffirmé que les insurgés afghans ne respectaient pas leurs engagements prévus dans l’accord conclu avec les États-Unis en février 2020.

« Les États-Unis et l’OTAN doivent adopter une position très ferme sur l’approche conditionnelle » de cet accord, a déclaré le président afghan. « Ils ont signé un accord, cet accord doit maintenant être mis en œuvre ».

L’accord — non ratifié par Kaboul — prévoit le retrait total des forces américaines d’ici à mi-2021 en échange notamment de garanties sécuritaires de la part des insurgés et de l’ouverture de pourparlers de paix avec le gouvernement afghan.

Les talibans intensifient leurs attaques

Mais, malgré l’ouverture de ces négociations en septembre à Doha, les talibans n’ont fait qu’augmenter le nombre de leurs attaques.  

M. Ghani a critiqué l’ex-président Donald Trump et son chef de la diplomatie Mike Pompeo, notant qu’ils lui avaient promis lors de la signature de cet accord « qu’il y aurait un cessez-le-feu ou une réduction très substantielle de la violence ».

« Au contraire, la violence a atteint des sommets », a-t-il dit. Et au lieu de rejoindre les négociations de paix avec le gouvernement afghan, « les talibans cherchent toutes les excuses pour ne pas participer aux réunions ».  

Soulagé par l’arrivée de l’équipe Biden

M. Ghani a indiqué s’être entretenu jeudi avec le nouveau chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui lui a annoncé l’envoi d’une nouvelle équipe de diplomates à Kaboul.

« Il a promis une diplomatie robuste dans la région, une pleine coordination avec nous, avec comme objectif de mettre un terme à 40 ans de violence », a déclaré le président afghan, se félicitant par avance de relations de nouveau « prévisibles » avec Washington, après quatre ans de présidence Trump.

« Les talibans voulaient laisser croire qu’ils ont vaincu les États-Unis et que l’OTAN et les États-Unis étaient en déroute », a-t-il ajouté. « Maintenant, une diplomatie robuste et une approche conditionnée nous permettront de reprendre des discussions sérieuses ».  

Sans se prononcer sur le niveau nécessaire selon lui de la présence militaire américaine en Afghanistan, M. Ghani a espéré que M. Biden prenne « la bonne décision ».  

« L’OTAN ne peut pas poursuivre sa mission sans l’aide des États-Unis », a-t-il souligné. « Donc une combinaison de présence militaire et de diplomatie […] serait extrêmement cruciale pour réussir ».

Washington a réduit le 15 janvier à 2500 le nombre de ses soldats en Afghanistan, le chiffre le plus bas depuis 2001.