(Pékin) La Chine a rejeté vendredi la menace de boycottage diplomatique des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, évoquée par Joe Biden pour protester contre les violations des droits de l’Homme en Chine.

« C’est quelque chose que nous envisageons », a déclaré jeudi le président américain à des journalistes au sujet de cette option qui consisterait à ne pas envoyer de responsables gouvernementaux pour représenter Washington lors des compétitions, tout en laissant les athlètes américains y participer.

Cette menace a sans surprise suscité l’ire de la Chine.

« Mélanger la politique et le sport va à l’encontre de l’esprit olympique », a répondu devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

« Les accusations des États-Unis envers la Chine à propos des droits de l’Homme sont dénuées de vérité et totalement sans fondement », a-t-il ajouté.

Ce regain de tension survient quelques jours seulement après le sommet virtuel entre le président Biden et son homologue chinois Xi Jinping censé établir des « garde-fous » pour éviter que leurs nombreux différends ne dégénèrent en conflit.

Depuis des mois, le gouvernement américain recherche la meilleure façon de se positionner à l’égard de cet évènement populaire et planétaire organisé par un pays qu’il accuse de perpétrer un « génocide » contre les musulmans ouïghours du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme accusent Pékin d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ».

Les autorités chinoises dénoncent systématiquement « l’ingérence » des Occidentaux qui condamnent cette situation, assurant qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » pour soutenir l’emploi et combattre l’extrémisme religieux.

« Fermer les yeux »

Jusqu’ici, interrogée sur sa décision, l’administration Biden bottait en touche, affirmant qu’elle voulait se coordonner avec les alliés des États-Unis en vue d’une « approche commune ».

Mais l’échéance arrive : les sports d’hiver ont rendez-vous du 4 au 20 février dans la capitale chinoise.

Le Washington Post a rapporté mardi que le président démocrate devrait « approuver » d’ici fin novembre l’option du boycottage diplomatique qui lui a été formellement recommandée par ses conseillers.

L’article du quotidien américain a aussitôt suscité des réactions positives des nombreux élus de tous bords qui plaidaient pour une telle solution, mais aussi les protestations de ceux qui voudraient aller plus loin.

Ces derniers mois, les résolutions et propositions de loi se sont multipliées au Congrès, certaines visant à punir les sociétés qui acceptent de commanditer les JO de Pékin, d’autres appelant le Comité international olympique à déplacer la compétition dans un autre pays.

Le boycottage diplomatique avait été proposé dès le mois de mai par la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Certains sénateurs ont dit croire ces derniers jours que la Maison-Blanche tranchera dans ce sens avant que le Congrès n’ait à légiférer.

Toutefois, plusieurs faucons républicains exhortent Joe Biden à annoncer un boycottage total, par les responsables, mais aussi les athlètes.

« La menace qui pèse sur nos athlètes et les crimes contre l’humanité commis par la Chine ne nous laissent pas d’autre choix », a martelé jeudi le sénateur Tom Cotton.

Le député Mike Waltz a dénoncé l’absence de réaction ferme du Comité international olympique sur le sort de la championne de tennis chinoise Peng Shuai, qui a accusé début novembre un ex-haut responsable du régime de l’avoir contrainte à un rapport sexuel, et dont la disparition suscite l’émoi.

Le Comité olympique américain s’oppose de son côté à un boycottage total, expliquant que les Jeux sont importants après des mois de pandémie.  

Il a jugé par le passé que les boycottages des Jeux de Moscou en 1980, par les États-Unis et une soixantaine d’autres pays, et de ceux de Los Angeles en 1984, par l’Union soviétique et ses alliés, avaient montré qu’utiliser ces évènements comme un « outil politique » était une « erreur ».