(Phnom Penh) La justice cambodgienne a condamné lundi le fils adolescent d’un opposant atteint d’autisme à huit mois d’emprisonnement, dont une partie avec sursis, pour avoir diffusé des messages jugés insultants envers le gouvernement sur Telegram, a-t-on appris auprès de sa mère.

Kak Sovann Chhay, 16 ans, fils d’une figure de l’opposition cambodgienne, avait été arrêté en juin et placé en détention.

Le tribunal municipal de Phnom Penh l’a condamné lundi à huit mois de prison — dont une partie avec sursis — pour incitation à la violence et insulte à des agents publics.  

« Mon fils sera libéré le 9 novembre », a déclaré sa mère Prum Chantha. « C’est injuste pour mon fils parce qu’il n’a pas commis les faits pour lesquels il a été condamné ».

Elle a ajouté qu’elle ne ferait pas appel de la décision.

L’arrestation et la détention de l’adolescent avaient suscité l’indignation du rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme au Cambodge, Vitit Muntarbhorn. En septembre, il avait exhorté le gouvernement à le libérer, ajoutant que les enfants en situation de handicap devaient « être traités conformément à l’intérêt supérieur de l’enfant » et qu’il fallait « tout faire pour qu’ils n’aille pas en prison ».

Le porte-parole du tribunal municipal n’a pas souhaité commenter l’affaire.

Le père de l’adolescent, Kak Komphea, était membre du Parti du sauvetage national du Cambodge, la principale force d’opposition du pays, dissoute en 2017. Actuellement en détention, il fait partie des plus de 150 opposants jugés à huis clos depuis novembre 2020, accusés d’avoir comploté pour renverser le régime.  

Selon Prum Chantha, son fils voulait juste défendre l’honneur de la famille après avoir été taxé de « fils de traître » dans des messages envoyés sur Telegram.

Le premier ministre Hun Sen au pouvoir depuis 36 ans musèle toute opposition. Lors des dernières législatives de 2018, son parti a raflé l’intégralité des sièges au Parlement, des résultats vivement contestés.