(Séoul) La Corée du Nord a tiré ce qui semble être un missile de courte portée en mer mardi, a déclaré l’armée sud-coréenne, son ambassadeur à l’ONU revendiquant peu après le « droit légitime » de son pays à tester des armes face à la « politique hostile » des États-Unis et de Séoul.

L’engin a été tiré depuis la province septentrionale de Jagang vers les eaux au large de la côte est, selon l’état-major des armées du Sud. Un porte-parole du ministère japonais de la Défense a pour sa part déclaré à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que ce projectile « semble être un missile balistique ».

Moins d’une heure après ce lancement, l’ambassadeur nord-coréen auprès de l’ONU, Kim Song, a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies que son pays a le « droit légitime » de tester des armes et de « renforcer (ses) capacités de défense ».

« Volonté hostile »

Les États-Unis « devraient prouver dans les faits qu’ils n’ont aucune volonté hostile à notre égard », a poursuivi l’ambassadeur. « Si c’est le cas, nous sommes prêts à répondre » de la même manière, « mais il ne semble pas que les États-Unis soient prêts » à le faire, a-t-il déclaré.

Cette déclaration est la dernière d’une série de messages ambigus émanant de Pyongyang, quelques jours après que Kim Yo Jong, l’influente sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, eut laissé entrevoir la possibilité d’un sommet entre les deux Corées, tout en exigeant au préalable que Séoul abandonne sa « politique hostile ».

Ces remarques répondaient à de récents appels du président sud-coréen Moon Jae-in à déclarer une fin officielle au conflit intercoréen de 1950-53 qui s’est terminé par une trêve, et non par un traité de paix, laissant les deux parties techniquement en guerre depuis plus d’un demi-siècle.

« On dirait que la Corée du Nord veut tester la sincérité de Séoul pour ce qui est de sa volonté d’améliorer les liens intercoréens » a expliqué à l’AFP Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes.

« Pyongyang va surveiller et étudier la réaction de Moon après le lancement d’aujourd’hui et prendre des décisions » sur d’éventuelles mesures de détente, a-t-il ajouté.  

« Moment critique »

Le Conseil de sécurité nationale de Corée du Sud s’est réuni en urgence après le tir de mardi. Dans un communiqué, il a « déploré ce lancement à un moment où la stabilité politique dans la Péninsule coréenne traverse un moment extrêmement critique ».  

Le département d’État américain a également condamné ce dernier tir de missile dans un communiqué lundi soir.  

« Ce lancement constitue une violation des multiples résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et représente une menace pour les voisins (de la Corée du Nord) et la communauté internationale », a-t-il estimé, appelant Pyongyang « à engager le dialogue ».

L’armée américaine a indiqué « consulter étroitement (ses) alliés et partenaires » à ce sujet, assurant que « l’engagement des États-Unis à défendre la République de Corée et le Japon reste inébranlable ».

La France a condamné le nouveau lancement, jugeant que ces tirs répétés portaient atteinte à « la paix et à la sécurité ». Paris appelle la Corée du Nord à « répondre aux propositions de dialogue formulées par les États-Unis et la Corée du Sud », a déclaré la porte-parole de la diplomatie française.

Pyongyang a déjà procédé à plusieurs tirs de missiles ce mois-ci, l’un impliquant des missiles de croisière à longue portée et un autre, selon l’armée sud-coréenne, des missiles balistiques à courte portée.

Séoul a testé aussi avec succès, pour la première fois, un missile balistique lancé par un sous-marin (SLBM), faisant d’elle l’une des rares nations à disposer de cette technologie avancée.  

Mardi, elle a lancé son troisième sous-marin SLBM, tandis qu’elle dépense des milliards pour renforcer ses capacités militaires

Ses pourparlers avec les États-Unis sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de 2019 à Hanoi entre Kim Jong-un et le président américain de l’époque Donald Trump.  

Le gouvernement du président Joe Biden s’est dit prêt à discuter avec Pyongyang sans condition, mais le dialogue reste au point mort pour le moment.

Depuis l’arrivée de Kim Jong-un à la tête du pays, les programmes en matière d’armement ont progressé, mais Pyongyang n’a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017.