(Rangoun) Des émissaires de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (l’ASEAN) ont rencontré vendredi en Birmanie le chef de la junte, qui a réaffirmé qu’il n’autoriserait de nouvelles élections qu’après un retour à la « normale » dans son pays frappé par un coup d’État.

Erywan Pehin Yusof, le vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei, et le secrétaire général de l’ASEAN, Lim Jock Hoi, se sont entretenus avec le général Min Aung Hlaing, a annoncé dans un communiqué le service de presse des militaires au pouvoir.

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La rencontre entre le général Min Aung Hlaing (à droite) entre le secrétaire général de l’ASEAN, Lim Jock Hoi (deuxième à gauche) et le vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei Erywan Pehin Yusof (troisième à gauche) a eu lieu à Naypyidaw.

L’officier a déclaré que la junte qu’il dirige organiserait de nouvelles élections lorsque la situation serait « revenue à la normale », peut-on lire dans le communiqué, sans autres précisions.

Les généraux putschistes avaient précédemment assuré qu’il y aurait des élections dans un délai de deux ans.

La Birmanie est dans la tourmente depuis que les militaires ont renversé Aung San Suu Kyi et le gouvernement de sa Ligue nationale pour la démocratie (LND). La répression par la junte a depuis provoqué la mort de plus de 800 personnes, selon une ONG locale qui recense les victimes.

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L'ex-dirigeante Aung San Suu Kyi et l'ex-président Win Myint lors d'une comparution en cour, le 26 mai

L’ASEAN a entrepris des efforts diplomatiques pour tenter de régler la crise, mais les luttes intestines au sein de cette organisation n’ont pas permis d’enregistrer des progrès.

Le général Min Aung Hlaing avait participé à une réunion à Jakarta avec les dirigeants des 10 pays de l’ASEAN en avril, son premier voyage à l’étranger depuis qu’il s’est emparé du pouvoir.

Les responsables de cette organisation internationale avaient ensuite diffusé une déclaration appelant à la « cessation immédiate de la violence » et à la visite en Birmanie d’un envoyé spécial régional.

Mais le général avait ensuite dit dans une interview télévisée que la Birmanie n’était pas prête à adopter ce plan.

Il n’a pas été précisé si les envoyés de l’ASEAN prévoyaient de rencontrer les membres d’un gouvernement fantôme formé par des députés évincés — pour la plupart de la LND — qui tente de rassembler les opposants aux putschistes.

La dirigeante civile destituée, Aung San Suu Kyi, n’a été vue en public qu’une seule fois depuis le coup d’État.

Elle fait l’objet d’une série d’accusations criminelles, notamment pour n’avoir pas respecté les restrictions relatives au coronavirus pendant la campagne électorale de l’an dernier et pour avoir possédé des radio-émetteurs sans autorisation.

Elle a déclaré le mois dernier que son parti, la LND, « existerait tant que le peuple existerait ».