(Hong Kong) La police hongkongaise n’a pas autorisé, pour la deuxième année d’affilée, la tenue en juin de la veillée annuelle en souvenir des victimes de la répression de la place Tiananmen de Pékin, sur fond de reprise en main musclée de l’ex-colonie britannique.

L’Alliance Hong Kong, qui a organisé cette commémoration pendant trois décennies, a précisé jeudi que les autorités avaient de nouveau invoqué les restrictions liées à la pandémie.

« Nous continuerons à nous battre pour le droit de commémorer légalement le 4 juin », a déclaré l’Alliance en disant qu’elle comptait déposer un recours contre cette interdiction.

Le ministre hongkongais de la Sécurité a confirmé ce refus d’autoriser la veillée, en ajoutant que « quiconque y participerait enfreindrait la loi » et en avertissant que la nouvelle et drastique loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à l’ex-colonie britannique était susceptible d’être invoquée contre les contrevenants.

« La loi sur la sécurité nationale stipule clairement que le fait d’organiser ou de participer à un évènement illégal pour faire du tort ou renverser le système fondamental, sous la Constitution chinoise, relève de la subversion du pouvoir de l’État », a-t-il dit.

Pendant des décennies, l’ex-colonie britannique a été le théâtre d’une veillée à la mémoire des victimes de l’intervention sanglante de l’armée chinoise contre le mouvement social et étudiant de 1989 à Pékin. Des foules avaient l’habitude de se masser avec des bougies dans le parc Victoria, au cœur de l’île de Hong Kong.

Réforme électorale

Mais pour la première fois en 30 ans, la veillée du 4 juin n’avait pas été autorisée en 2020 par les autorités qui avaient avancé le prétexte de la lutte contre la pandémie, dans un contexte de répression par le pouvoir central chinois.

Des dizaines de milliers de personnes avaient néanmoins bravé cette interdiction pour marquer pacifiquement la 31e commémoration de Tiananmen. Et des poursuites judiciaires avaient été engagées contre 24 personnalités du mouvement prodémocratie.

Plusieurs, parmi lesquelles Joshua Wong, ont été condamnées en début de moi à des peines de prison pour avoir participé à la veillée en 2020.

Les restrictions prises contre le coronavirus font qu’il est actuellement interdit de se rassembler à plus de quatre en public, ce qui rend toute manifestation impossible. Au cours du mois écoulé, Hong Kong n’a pourtant recensé que trois cas de contamination locale aux origines indéterminées.

On ignore si, cette année, des Hongkongais braveront à nouveau l’interdit.

Le refus d’autoriser cette année la veillée intervient deux jours après que la police de la ville voisine de Macao a également interdit une telle commémoration, y voyant un risque d’« incitation à la subversion » et de « diffamation du gouvernement central ».

C’était la première fois que les autorités avançaient une raison politique pour interdire cette commémoration.  

La sanglante intervention de l’armée chinoise dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d’étudiants et d’ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d’un millier de morts.  

Le sujet est tabou en Chine.

Hong Kong a vécu de juin à décembre 2019 au rythme de manifestations et actions quasi quotidiennes, et parfois violentes, pour dénoncer les ingérences grandissantes de la Chine.

Des milliers de personnes ont depuis deux ans été arrêtées, dont plus d’une centaine de figures du combat prodémocratie qui ont été interpellées en vertu de la loi sur la sécurité nationale.

De son côté, le conseil législatif (Legco, le Parlement hongkongais), où ne siège plus actuellement aucun député d’opposition, a approuvé jeudi une réforme radicale – imposée par Pékin – du système électoral de Hong Kong, qui marginalisera totalement l’opposition.