(Genève) Des rapporteurs spéciaux de l’ONU ont averti vendredi la Chine que sa loi controversée sur la sécurité à Hong Kong constituait un risque pour les libertés de l’ancienne colonie britannique, Pékin dénonçant « une ingérence ».

Le texte est entré en vigueur fin juin dans le territoire autonome. « Les mesures adoptées […] présentent un risque grave que ces libertés fondamentales […] soient violées », affirment les rapporteurs dans une lettre datée du 1er septembre, qui accuse Pékin de ne pas respecter ses obligations internationales.

Le texte menace particulièrement « la liberté de pensée, d’expression et de rassemblement », avertissent les experts. Il semble particulièrement « criminaliser la liberté d’exprimer toute critique de la Chine », écrivent sept des rapporteurs spéciaux de l’ONU.

Parmi eux figure Irene Khan, ancienne secrétaire générale d’Amnistie internationale, qui s’occupe aujourd’hui de la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Pékin a fustigé « une ingérence » dans ses affaires intérieures.

« Nous conseillons vivement [aux rapporteurs spéciaux de l’ONU] de respecter véritablement la mission et les principes de la charte des Nations unies et d’abandonner l’ignorance, les préjugés et la partialité », a commenté devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

La loi sur la sécurité a été adoptée par la Chine en contournant le parlement local hongkongais et avant que la population ne puisse prendre connaissance du texte final.

Il sanctionne « la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères ». Cette législation fait craindre à l’opposition démocrate locale un grave recul des libertés en vigueur dans ce territoire de 7,5 millions d’habitants, rendu à la Chine en 1997.

De nombreux pays occidentaux, États-Unis en tête, ont condamné la nouvelle législation.

En représailles, Washington a révoqué le statut commercial préférentiel accordé à l’ex-colonie britannique, restreint l’octroi de visas pour les responsables chinois accusés de « remettre en cause » l’autonomie de ce territoire semi-autonome et arrêté la vente d’équipements de défense sensibles à Hong Kong.  

Hong Kong est censé jouir d’une large autonomie par rapport au reste du pays dirigé par le Parti communiste chinois (PCC), en vertu du principe « Un pays, deux systèmes » : ses habitants ont bénéficié depuis 1997 de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et d’une justice indépendante.