(Pékin) Le déploiement militaire « sans précédent » des États-Unis dans la région Asie-Pacifique augmente le risque d’un incident entre les marines des deux pays, a averti mardi un haut responsable chinois.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump début 2017, les deux puissances s’opposent dans les domaines diplomatique, commercial et militaire.

La marine américaine conduit régulièrement des opérations nommées « liberté de navigation » en mer de Chine méridionale afin de tenir tête à Pékin, qui y revendique la quasi-totalité des îles face aux autres riverains (Malaisie, Vietnam, Philippines, Brunei).

En vertu de leur stratégie de « Pivot vers l’Asie », les États-Unis se sont rapprochés ces dernières années des pays opposés aux prétentions territoriales chinoises. Washington a renforcé sa présence dans la zone, avec passage de navires et d’avions.

« Le déploiement militaire américain dans la région Asie-Pacifique […] est sans précédent », a déclaré Wu Shicun, directeur de l’Institut chinois pour l’étude de la mer de Chine méridionale.  

« La possibilité d’un incident militaire ou d’un tir accidentel est en train d’augmenter », a-t-il averti. « Si une crise éclatait, les répercussions sur les relations bilatérales seraient catastrophiques. »

Il s’exprimait lors de la présentation à Pékin par son institut, placé sous le contrôle du ministère des Affaires étrangères, d’un rapport sur « La présence militaire américaine en Asie-Pacifique ».

PHOTO GREG BAKER, AFP

L’étude souligne le déploiement par Washington dans la zone indopacifique de « 375 000 militaires » et de « 60 % des navires de sa marine ».  L’US Navy vient également de placer trois de ses porte-avions dans la région – fait inédit depuis 2017, selon des médias.

« Durant toute l’administration Obama, seules quatre opérations ‘liberté de navigation’ avaient été réalisées », a noté Wu Shicun. « Sous Trump, on en est déjà à 22. »

« Les deux armées doivent intensifier leur communication » afin « d’éviter les malentendus stratégiques et les erreurs de calcul », plaide le rapport.

Il exhorte à la reprise des rencontres militaires de haut niveau, à la mise en place d’une ligne téléphonique directe entre les deux armées ou encore de manœuvres maritimes communes.

« La Chine ne considère pas les États-Unis comme un rival potentiel et n’envisage pas une nouvelle guerre froide ou chaude avec eux », souligne le rapport.

Malgré la hausse croissante du budget chinois de la Défense (163 milliards d’euros officiellement en 2020), celui-ci reste trois à quatre fois inférieur à celui des États-Unis – lesquels restent de loin la première puissance militaire mondiale.