(Paris) Face à l’épidémie de coronavirus chinois, le port d’un masque est essentiel pour les personnes malades et peut être recommandé dans les régions fortement touchées par l’épidémie, mais n’est ni utile ni efficace pour le reste de la population, soulignent les autorités sanitaires.

En Chine, où ce virus a émergé en décembre à Wuhan (centre) et a déjà touché plus de 4500 personnes, plusieurs provinces et plusieurs grandes villes ont imposé le port de cette protection à leurs habitants pour tenter d’endiguer sa propagation.

En France, après la confirmation vendredi de trois cas de personnes touchées par ce virus respiratoire, les premiers en Europe, certaines pharmacies ont fait face à un afflux de clients, Français ou touristes, souhaitant des masques.

PHOTO MLADEN ANTONOV, AFP

Des masques sanitaires.

« Encore aujourd’hui, si j’avais pu en vendre 100… C’est un client sur cinq qui m’en demande », rapportait lundi Géraldine Leroy, pharmacienne à l’aéroport de Nice, en rupture de stock depuis dimanche. « Tous ceux qui partent, qui voyagent nous ont dévalisés, et ça va continuer toute la semaine ».

Ventes de masques en forte hausse

« Il y a eu plus de demandes de masques », qui ont pu créer des ruptures de stock localement, car « en temps normal la demande est très faible, donc les pharmacies ne les stockent pas », a expliqué Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

« À l’échelle nationale, nous vendons actuellement sept fois plus de masques à nos clients par rapport à une période dite normale, ce qui provoque des tensions sur la chaîne d’approvisionnement », confirme Clotilde Larrose, porte-parole d'un grossiste en pharmacie, évoquant « un pic de commandes depuis le 21 janvier », et plus particulièrement vendredi et samedi.  

Un phénomène semblable s’était produit en 2009, lors de l’épidémie de grippe A-H1N1, rappelle Emmanuel Déchin, qui représente un fédération de grossistes en pharmacie.

Un masque pour protéger les autres

Pourtant, les masques en papier, dits « masques chirurgicaux », « sont uniquement utiles quand on est soi-même malade, pour éviter de contaminer les autres », a souligné dimanche la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Leur port par prévention peut se justifier en Chine, où il est avéré qu’il y a des foyers pas encore identifiés de personnes porteuses du virus.

Mais « le port de ce type de masque par la population non malade afin d’éviter d’attraper la maladie ne fait pas partie des mesures barrières recommandées et son efficacité n’est pas démontrée », expliquent les services du ministère.

En clair, croiser un malade dans la rue « ne pose pas de problème » et « le risque est faible quand vous passez peu de temps à proximité de cette personne », a-t-il ajouté.

Lavage des mains

D’autres précautions comme le lavage fréquent des mains sont en revanche recommandées pour prévenir la propagation de l’ensemble des virus respiratoires : le coronavirus, mais aussi le virus de la grippe saisonnière, dont l’épidémie a commencé en France depuis quelques semaines.

« Nous expliquons cela aux patients », assure à l’AFP Gilles Bonnefond, qui préside un syndicat de pharmaciens en milieu hospitalier.

Par ailleurs, en cas de contact prolongé avec une personne contaminée, ces masques en papier n’offrent pas une protection suffisante, notamment parce qu’ils laissent passer de l’air non filtré.

Il existe alors des masques « de protection respiratoire » (type FFP2), équipés d’un dispositif de filtration des poussières et des agents pathogènes et indiqués pour les « personnes en contact avec des personnes malades, pour éviter de contaminer les infirmières ou les médecins qui les prennent en charge », a noté Agnès Buzyn.