(Islamabad) Un groupe de responsables talibans a été chaleureusement accueilli jeudi par le gouvernement du Pakistan, qui a appelé à la reprise des pourparlers avec les États-Unis sur l’Afghanistan, brutalement interrompus début septembre par le président américain Donald Trump.

Le mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur du mouvement extrémiste, qui a passé huit ans dans les prisons pakistanaises, a reçu l’accolade du ministre des Affaires étrangères pakistanais Shah Mehmood Qureshi, selon des images de ce ministère.

Le lieutenant-général Faiz Hameed, chef de l’Inter-Services Intelligence (ISI), puissante agence de renseignement militaire accusée par Washington et Kaboul d’avoir largement soutenu les insurgés - ce qu’Islamabad nie -, a également étreint le mollah Baradar avec un grand sourire.  

Le Pakistan était un des trois seuls pays à avoir reconnu le régime taliban, au pouvoir en Afghanistan entre 1996 et 2001 avant son renversement par une coalition internationale menée par les États-Unis après les attentats du 11 septembre.  

Islamabad a également facilité les négociations qui se sont tenues depuis un an entre Washington et les insurgés. Un « accord de principe » semblait sur le point d’être signé quand le président américain a brutalement mis fin aux négociations le 7 septembre, justifiant sa décision par un énième attentat à Kaboul dans lequel un soldat américain avait péri.

L’« accord de principe » devait permettre un retrait progressif des soldats américains déployés en Afghanistan, en échange de garanties de sécurité, d’une « réduction de la violence » et de l’ouverture de négociations directes entre les talibans et le gouvernement de Kaboul.

Le Pakistan continuera à « soutenir tous les efforts pour parvenir à une paix permanente en Afghanistan », a déclaré le ministre Qureshi dans un communiqué, disant « apprécier l’engagement sérieux des talibans dans le processus de paix ».

Les insurgés, dans un communiqué, ont indiqué avoir également discuté des relations bilatérales avec le Pakistan, ainsi que des questions « d’éducation, de santé, de voyages et de visas » pour les plus de 2 millions de réfugiés afghans qui y vivent depuis des décennies.

Shah Mehmood Qureshi « a promis une coopération complète », ont affirmé les talibans dans un communiqué envoyé à l’AFP via la messagerie WhatsApp.

La délégation talibane est arrivée au Pakistan alors que l’envoyé spécial américain pour la paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, « est à Islamabad cette semaine », selon un porte-parole de l’ambassade américaine au Pakistan, qui n’a pas précisé combien de temps il y resterait.

Mais « ces rencontres ne représentent pas un redémarrage du processus de paix afghan », a insisté une porte-parole du département d’État américain à Washington mercredi.

« S’ils (les Américains, NDLR) veulent une rencontre, nous sommes prêts à les rencontrer », a de son côté déclaré à l’AFP un porte-parole taliban, Suhail Shaheen, qui a qualifié de « coïncidence » la présence simultanée à Islamabad de MM. Khalilzad et Baradar.

L’échec des pourparlers sur l’Afghanistan constitue un revers majeur pour le Pakistan, qui espérait que ses efforts pour amener les talibans à négocier seraient récompensés alors qu’Islamabad se heurte de nouveau à l’Inde sur le Cachemire.

« Ce serait une grande tragédie si ces pourparlers n’avançaient pas », avait déclaré en septembre son premier ministre Imran Khan.