(Séoul) La Corée du Sud a fustigé mercredi le Japon après l’entrée en vigueur de sanctions commerciales nippones, accusant le premier ministre japonais Shinzo Abe de se comporter en « adversaire », alors que les deux pays sont des alliés stratégiques des États-Unis.

Les relations entre les deux voisins n’en finissent plus de se détériorer, sur fond de vieux contentieux hérités du passé colonial japonais dans la péninsule coréenne (1910-1945).

La brouille a connu une nette aggravation ces dernières semaines, après que des tribunaux sud-coréens eurent exigé d’entreprises japonaises qu’elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant l’occupation japonaise jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Tokyo a riposté le 2 août en décidant de rayer la Corée du Sud d’une liste d’États bénéficiant d’un traitement de faveur, mesure entrée en vigueur mercredi. Séoul a dit vouloir en retour prendre une mesure similaire.

« Le premier ministre Abe a déclaré deux fois qu’on ne pouvait faire confiance à la Corée et nous traite comme un adversaire », a déclaré Kim Hyun-chong, un haut responsable des questions de sécurité nationale au sein de la « Maison bleue », la présidence sud-coréenne.  

La Corée du Sud a annoncé jeudi dernier qu’elle voulait rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec le Japon, connu sous le nom de GSOMIA, suscitant l’inquiétude de Washington qui a noué des alliances militaires avec les deux pays.

M. Kim a cependant réitéré mercredi que cette décision n’entraînerait pas de « fissure » dans l’alliance avec les États-Unis.

Dans le même temps, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Japon pour protester contre l’exclusion de Séoul de la « liste blanche » des partenaires bénéficiant d’un traitement de faveur dans les relations commerciales.

Concrètement, Tokyo a dégradé la Corée du Sud de la catégorie des États A (exemptés de procédures d’autorisation pour acheter des produits sensibles de fabricants japonais) à celle des États B (autorisation spéciale obligatoire).  

Le Japon signifie ainsi que son voisin n’est pas fiable et qu’il faut s’assurer avant d’exporter qu’il ne va pas utiliser à des fins détournées (militaires notamment) les matériaux et équipements venant du Japon.

Le Japon avait déjà décidé début juillet de lever l’exemption de procédure pour trois produits chimiques nécessaires entre autres à la fabrication de téléphones et de téléviseurs, une décision très pénalisante pour les géants de l’électronique sud-coréens comme Samsung et LG Electronics.