(Pékin) Plusieurs défenseurs des droits de l’homme ont été placés en détention en Chine à l’approche du 30e anniversaire de la répression sanglante de Tiananmen, tandis que des sites internet étaient bloqués, ont rapporté jeudi des associations.

La tuerie du 4 juin 1989, qui a mis fin à sept semaines de manifestations à Pékin contre la corruption et pour davantage de démocratie, reste un sujet tabou en Chine.

Mais les efforts du régime communiste pour empêcher cette année toute commémoration « sont plus fermes » qu’à l’habitude, estime Cao Yaxue, fondateur de l’association de défense des droits de l’homme « China Change », basée à Washington.

Parmi les militants disparus ou placés en détention figurent six artistes qui avaient présenté une exposition intitulée « Un mouvement de conscience », à Nankin (est). L’un d’entre eux, Zhu Hun, n’a plus donné de nouvelles depuis mardi, selon son épouse.

Un écrivain contestataire, Shen Liangqing, a quant à lui été interpellé le 16 mai pour « comportement provocateur » et placé en détention à Hefei (est), selon son avocat.

Contactées par l’AFP, les autorités locales n’ont pas commenté ces informations.

Selon l’organisation China Human Rights Defenders (CHRD), trois autres personnes ont été interpellées courant mai pour avoir diffusé des photos ou des commentaires liés à la répression du « Printemps de Pékin ».

Parallèlement, les censeurs du régime expurgeaient l’internet de toute allusion aux événements de 1989.

Huya et YY, deux sites très populaires de vidéos en ligne, ont annoncé qu’ils allaient suspendre leurs diffusions en direct respectivement jusqu’aux 6 et 7 juin, officiellement pour « raisons techniques ».

Bilibili, une autre plateforme de vidéos en ligne, bloque de son côté les commentaires sur ses vidéos jusqu’au 6 juin.

L’encyclopédie en ligne Wikipédia, déjà bloquée en chinois, est désormais bloquée dans toutes les langues.

Interrogé lors d’un point de presse quant à la position de l’armée sur les événements de 1989, un porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, a répondu jeudi : « je ne suis pas d’accord pour utiliser le mot de’répression’. Au cours des 30 dernières années, le processus stable du développement et des réformes de la Chine et ses réussites répondent amplement à cette question ».