La commission électorale pakistanaise (ECP) a confirmé de facto mardi la large victoire aux législatives du week-end de la formation de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif qui devra toutefois procéder à des alliances mineures pour s'assurer de la majorité en chambre.

Les résultats provisoires, mais presque complets fournis par l'ECP corroborent également la débâcle du Parti du peuple pakistanais (PPP), à la tête du gouvernement sortant, second loin loin derrière les troupes de M. Sharif, et la percée du PTI de l'ex-gloire du cricket Imran, crédité de la troisième place.

Ils incluent les résultats de 254 des 272 circonscriptions.

Les électeurs pakistanais ont renouvelé samedi les quelque 272 sièges de l'Assemblée nationale élus au suffrage direct, auxquels s'ajouteront 70 députés (60 femmes et 10 membres des minorités religieuses) nommés à la proportionnelle.

M. Sharif a besoin d'obtenir 137 sièges sur les 272 élus au suffrage direct pour s'y assurer une majorité. Selon de nombreux analystes, il lui suffira de convaincre des députés indépendants de rejoindre son gouvernement pour y parvenir, et ce sans passer par une alliance formelle avec un autre parti.

Les chiffres annoncés mardi par l'ECP montrent des grands partis qui restent d'abord forts dans une province, souvent leur bastion d'origine, qu'ils sont appelés à gouverner localement.

La Ligue musulmane (PML-N) de Nawaz Sharif est assurée d'au moins 123 de ces sièges, principalement dans son fief du Pendjab, la province la plus peuplée du pays. Suivent loin derrière le PPP avec 31 sièges, principalement dans son bastion du Sind (sud), et le Mouvement pour la justice (PTI) d'Imran Khan avec 26, principalement dans la province du nord-ouest (KPK).

Viennent ensuite les indépendants, que la PML-N tente de rallier pour s'assurer une majorité à l'Assemblée nationale, avec 24 sièges et le MQM, au pouvoir dans la mégalopole méridionale de Karachi, où sont élus l'essentiel de ses 18 députés.

Dans le Baloutchistan (sud-ouest), instable province déchirée par un conflit entre autorités et combattants indépendantistes, une députée locale nouvellement élue pour la PML-N, Abdul Qadir, a annoncé mardi être en discussion avec des nationalistes pour former un gouvernement provincial de coalition.

Une telle option permettrait de rallier au gouvernement provincial les nationalistes, traditionnellement méfiants envers le pouvoir central d'Islamabad à qui ils réclament davantage d'autonomie.

Nawaz Sharif, un magnat de l'acier de 63 ans, fut premier ministre à deux reprises dans les années 90 et s'apprête à devenir le premier homme politique pakistanais premier ministre pour la troisième fois.

Il a déjà affirmé que sa priorité était de redresser l'économie du Pakistan, géant musulman miné par une crise énergétique sans précédent, et a tendu la main à l'Inde voisine et aux États-Unis.

Les observateurs étrangers ont qualifié de «victoire» pour la démocratie les élections de samedi marquées par une forte participation, malgré une cascade d'attentats et les menaces des talibans pakistanais du TTP opposés à ce scrutin jugé qu'ils jugent «non islamique».