Sitôt la page des jeux Olympiques tournée, la Chine s'est retrouvée sur la sellette, ces dernières semaines, pour la mauvaise qualité des produits «made in China», avec une série de scandales allant du canapé toxique à la chaussure cancérigène en passant par le lait contaminé.

La grande fête olympique a été suivie d'une mission spatiale historique, deux événements devant montrer au reste du monde les plus brillantes facettes du pays, l'image d'une Chine de la haute technologie et du savoir-faire.

Mais septembre a aussi été le mois des révélations désastreuses, dont la plus tragique a été celle des produits laitiers additionnés de mélamine qui ont entraîné la mort de quatre nourrissons et en ont rendu malades 53.000 autres.

Sur tous les continents, des mesures d'interdiction ou de surveillance des produits laitiers chinois ont été prises.

Puis un groupe d'ameublement français, Conforama (groupe PPR), a reconnu que certains de ses fauteuils et canapés fabriqués en Chine pouvaient provoquer des allergies, après avoir voyagé avec un peu trop de sachets anti-moisissures toxiques.

Enfin, en Italie a éclaté en fin de semaine passée l'affaire des chaussures au «chrome hexavalent», dont le cuir a été traité avec ce produit hautement toxique et potentiellement cancérigène. Bilan: 1,7 million de chaussures saisies, pour l'essentiel fabriquées en Chine.

Cette succession de ratés pour l'«usine de la planète» rappelle une autre série noire l'an dernier: dentifrice à l'antigel, mélamine dans des aliments pour animaux, jouets enduits de peinture au plomb.

Sous le feu des critiques, le gouvernement chinois avait fini par annoncer des mesures et s'est montré plus réactif aux alertes transmises par les pays européens, accroissant ses enquêtes sur les produits et entreprises signalés, aux dires même de la Commission.

Pourtant, pour une experte occidentale qui a requis l'anonymat, «la nouvelle série d'affaires montre bien qu'il y a toujours une absence de contrôle de qualité». «Il faudrait former des cadres à la qualité, sensibiliser tous azimuts et revoir toutes les chaînes de production», estime-t-elle.

«Même si Pékin prend quelques décisions, celles-ci ne vont pas jusqu'en province, jusqu'au fond des campagnes. Il y a des années de boulot et d'éducation de masse», ajoute cette experte.

Pour Sébastien Breteau, patron d'AsiaInspection, une société spécialisée dans le contrôle de qualité installée dans le sud de la Chine, le problème n'est pas un manque de moyens: «l'AQSIQ (administration en charge du contrôle de qualité) emploie 30.000 personnes».

«Mais du fait de l'immensité du pays, du volume des productions et aussi du manque de transparence du gouvernement, les contrôles effectués ne sont pas suffisants, de la même manière que les contrôles des douanes ou de la DGCCRF (services de concurrence et répression des fraudes) en France ne permettent pas d'identifier tous les produits "à risque" sur le marché», ajoute-t-il.

Jugeant «matériellement impossible pour une administration de contrôler chaque lot fabriqué en Chine», M. Breteau renvoie aussi les importateurs à leurs responsabilités, en soulignant que «dans le cas du lait, un test pour la mélamine coûte 110 dollars», par lot.

A eux aussi, de «donner l'impulsion en acceptant de payer le prix de la qualité», estime-t-il. «On ne peut pas exiger des usines chinoises qu'elles maintiennent des coûts de production très bas tout en augmentant leur niveau de qualité et leurs conditions sociales», selon M. Breteau.

Mao Shoulong, un professeur de gestion politique à l'Université de Pékin, reconnaît qu'il reste bien «des points à améliorer du côté réglementaire et technique en Chine».

Mais pour lui, c'est lié «au développement extrêmement rapide» de la Chine et à «la forte concurrence» entre les entreprises.