(Quito) Deux maires ont été assassinés en trois jours en Équateur, avant un référendum dimanche sur des réformes visant à lutter contre le crime organisé, et dans un contexte de crise énergétique qui a incité le gouvernement à mobiliser police et armée.

Le maire d’une ville minière du sud de l’Équateur a été assassiné vendredi, a annoncé la police, deuxième crime du genre en trois jours dans ce pays gangréné par le narcotrafic et les groupes criminels.

« Ce matin, Jorge Maldonado, maire du canton de Portovelo, #ElOro, a été victime de coups de feu qui ont causé sa mort », a indiqué la police sur le réseau social X.

M. Maldonado a été tué par « deux criminels circulant à moto, alors qu’il menait des activités personnelles » dans un quartier de Portovelo, selon la police.

Mercredi, l’édile d’une autre petite ville minière du sud du pays, Camilo Ponce Enriquez, dans la province de Azuay, avait été abattu par balle.

Il s’agit du cinquième maire équatorien assassiné en un an et le troisième en moins d’un mois. En mars, la jeune maire de San Vicente, dans la province de Manabi (sud-ouest), avait été assassinée dans des circonstances similaires.

Ces crimes sont « un signal d’alarme » et « révélateurs d’une grave crise de sécurité qui met en danger la vie de tous les dirigeants municipaux », a déclaré l’Association des municipalités équatoriennes (AME) dans un communiqué.

Des journaux locaux suggèrent que ces récents meurtres de maires sont liés à l’exploitation illégale de l’or.

Des procureurs, des journalistes et des hommes politiques sont régulièrement victimes des organisations criminelles locales liées à des cartels mexicains et colombiens.

Le 9 août 2023, le candidat d’opposition à la présidentielle Fernando Villavicencio a été abattu après un rassemblement de campagne à quelques jours de l’élection.  

« Prévenir le sabotage »

Ces nouveaux assassinats d’élus interviennent avant un référendum et une consultation nationale dimanche voulus par le président Daniel Noboa, sur des réformes visant à lutter contre le crime organisé.

Quelque 13,6 millions d’électeurs (sur une population de 17,7 millions) sont appelés à décider, par exemple, s’ils sont d’accord avec l’extradition d’Équatoriens vers des pays voulant les juger pour leurs liens avec le crime organisé.

Gangréné par le narcotrafic, mais aussi la corruption, l’Équateur fait face depuis mi-janvier à une grave crise sécuritaire provoquée par les gangs criminels. Le président Noboa, élu en novembre pour 18 mois, a déclaré le pays en « conflit armé interne » et a déployé l’armée pour neutraliser une vingtaine de ces groupes.

Le gouvernement a publié vendredi les noms des 11 criminels les plus recherchés du pays, désormais désignés comme « objectifs militaires », avec en tête de liste le chef du cartel mexicain de Sinaloa et un guérillero colombien.

Depuis une semaine, l’Équateur est également confronté à une grave crise énergétique, avec de sévères rationnements d’électricité pour les populations et une revue en urgence des installations électriques et hydroélectriques. Conséquence de la sécheresse, cette crise énergétique serait aussi le fait de « sabotages » de haut-fonctionnaires liés à ses ennemis politiques, selon le président Noboa.

Vendredi soir, un décret présidentiel a ordonné la mobilisation de la police et de l’armée « pour garantir la sécurité des infrastructures énergétiques cruciales afin de prévenir le sabotage, les attaques terroristes ou d’autres menaces susceptibles d’affecter leur fonctionnement ».

La mesure s’applique à l’ensemble du pays et est mise en place en cas de « graves troubles intérieurs » afin de « garantir la continuité du service » de l’énergie.

Le jeune président doit composer avec une opposition dispersée mais majoritaire au Parlement et dominée par les partisans de l’ancien chef de l’État socialiste Rafael Correa (2007-2017), en exil après sa condamnation pour corruption.

L’intrusion le 5 avril de la police équatorienne dans l’ambassade du Mexique pour y interpeller un proche de M. Correa, condamné pour corruption, a ravivé les tensions avec cette opposition, en plus du tollé international et de la condamnation de plusieurs pays d’Amérique latine dirigés par la gauche.