(Genève) Le gouvernement vénézuélien intensifie ses attaques contre l’espace civique et démocratique à l’approche de la présidentielle de 2024 à laquelle sera candidat le président Nicolas Maduro, ont affirmé mercredi des experts de l’ONU.

En septembre 2019, l’ONU a étendu sa surveillance sur la situation au Venezuela après que le Conseil des droits de l’Homme ait établi une « mission d’établissement des faits ».

Ce groupe d’experts, avec qui Caracas refuse de coopérer, avait notamment accusé l’an dernier les services de renseignement du Venezuela de commettre des crimes contre l’Humanité pour réprimer l’opposition, sur des ordres venus du sommet du régime.

Dans un nouveau rapport publié mardi, la mission onusienne indique avoir reçu depuis 2021 moins d’allégations de graves violations des droits de l’Homme commises contre des opposants ou des personnes perçues comme telles.

Toutefois, « de graves violations des droits de l’Homme sont commises aujourd’hui encore au Venezuela », et « ces violations ne sont pas des actes isolés, mais continuent de refléter une politique visant à supprimer la dissidence et l’opposition », a déclaré la présidente de la mission, Marta Valiñas, en conférence de presse.

De 2020 à août dernier, ils ont identifié au moins cinq « privations arbitraires de la vie », 14 disparitions forcées de courte durée et 58 détentions arbitraires, et documenté 28 cas de torture ou autres traitements cruels.

« Nous observons des éléments qui montrent que la répression sélective visant les leaders sociaux et politiques s’intensifie dans la perspective des prochaines élections présidentielles prévues en 2024 », a indiqué une autre experte, Patricia Tappatá Valdez.

« appareil d’État oppressif »

Les experts de l’ONU déplorent la disqualification de candidats de l’opposition à la présidentielle et accusent le gouvernement d’avoir « intensifié ses efforts pour réduire l’espace civique et démocratique, en restreignant les libertés individuelles et collectives et en renforçant son contrôle et ses restrictions sur le travail des défenseurs des droits humains, des organisations de la société civile, des syndicats, des médias et des partis politiques ».

Ils expliquent que la crise politique au Venezuela a connu des changements fin 2020 et début 2021, avec l’arrêt notamment des manifestations de masse convoquées par l’opposition.  

Si des tactiques « dures » de répression étaient auparavant davantage utilisées pour faire taire l’opposition, des méthodes « plus douces » sont désormais employées ces dernières années, l’ensemble formant, selon Francisco Cox, autre membre de la mission, un « appareil d’État oppressif ».

Les experts soulignent également que Caracas n’a pas démantelé les « structures répressives de l’État ».

Les FAES, forces de police d’opérations spéciales, ont été dissoutes après des centaines d’accusations d’exécutions extrajudiciaires, mais selon les experts elles ont été remplacées par un directorat (DAET) qui agit de la même manière.

M. Maduro a été réélu en 2018 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et non reconnu par de nombreux pays dont les États-Unis et la France. En 2019, Washington, ainsi qu’une partie de la communauté internationale, avait reconnu Juan Guaidó, chef de l’opposition qui venait de s’autoproclamer président par intérim.

L’opposition a mis fin en janvier à cette présidence intérimaire, estimant qu’elle n’avait pas rempli ses objectifs de changement politique.