(Santiago du Chili) La droite ultra-conservatrice sera chargée de rédiger un nouveau projet de Constitution pour remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet, selon les résultats officiels d’un scrutin communiqués dimanche, après le rejet d’une première proposition de changement lors d’un référendum en 2022.

Plus de 15,1 millions de Chiliens se sont rendus aux urnes dimanche pour élire, parmi 350 candidats, les 50 membres qui formeront le Conseil constitutionnel qui aura pour objectif de proposer une nouvelle Constitution pour le pays.

Après dépouillement des bulletins, le Parti républicain, classé à l’extrême droite, opposé dès le début à une réforme de la Constitution, a remporté 35 % des suffrages (22 sièges), contre 29 % comptabilisés pour la coalition de gauche soutenant le gouvernement de Gabriel Boric (17), selon les données officielles. La droite traditionnelle a, elle, obtenu 21 % des suffrages (11).

Le Parti républicain, qui s’oppose à l’avortement et tient un discours anti-immigrés, « n’aura pas besoin de négocier avec qui que ce soit, il pourra écrire la constitution qu’il veut » et « aura le pouvoir d’opposer son veto à tout amendement », prédit auprès de l’AFP Claudia Heiss, directrice de la faculté de sciences politiques de l’université du Chili.

Il s’agit du deuxième processus de réécriture de la loi fondamentale du pays.

Début septembre 2022, les Chiliens avaient rejeté à 61,9 % une première proposition de nouvelle Constitution. Celle-ci devait instaurer de nouveaux droits sociaux, notamment en matière d’éducation, de santé ou de logement, reconnaître des droits aux peuples autochtones ou encore le droit à l’avortement.

Après le rejet par les électeurs, les principaux partis politiques du pays avaient tout de même décidé d’entamer des négociations pour relancer le processus constitutionnel.  

Le Conseil, dont les membres ont été élus dimanche, recevra un avant-projet rédigé par un comité d’experts auquel ils devront apporter des ajustements et amendements. Le texte comprend 12 principes essentiels qui ne pourront néanmoins pas être modifiés. Parmi eux, le fait que le Chili est une économie de marché.

Le projet sera ensuite soumis à un référendum, le 17 décembre.

La Constitution actuelle, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), est considérée, malgré plusieurs révisions successives, comme un frein à toute réforme sociale de fond au Chili, théâtre en 2019 d’un grand soulèvement populaire.  

« J’ai toujours l’espoir que nous puissions avoir une nouvelle Constitution. Avec celle que nous avons, il y a des choses qui restent en suspens et qui privilégient certains plus que d’autres », a dit à l’AFP Francisco Carrasco, un technicien aéronautique de 33 ans, après avoir voté dans une école de San Bernardo, au sud de Santiago.