(Lima) L’association de défense des droits Human Rights Watch (HRW) alerte dans un rapport publié mercredi sur l’exécution possible de dizaines de personnes par les forces de l’ordre péruviennes lors de la répression des manifestations antigouvernementales qui a fait une cinquantaine de morts entre décembre et février.  

« L’armée et la police péruviennes sont responsables de décès qui pourraient être assimilés à des exécutions extrajudiciaires ou arbitraires, ainsi que d’autres abus brutaux contre des manifestants et des passants lors des manifestations entre décembre 2022 et février 2023 », indique le rapport.  

La destitution début décembre de l’ancien président Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir, et son remplacement par Dina Boluarte, son ancienne vice-présidente, ont provoqué une vague de manifestations violentes qui ont été durement réprimées à travers le pays.

« Pendant des semaines, alors que les forces de sécurité tuaient des manifestants et des passants, le gouvernement Boluarte semble avoir fermé les yeux », estime dans le rapport César Muñoz, directeur associé de la division Amériques de HRW.  

L’ONG réclame la mise en place d’une « commission indépendante d’experts internationaux » en parallèle des « enquêtes criminelles » menées par le parquet.  

« Les enquêtes sur ces meurtres doivent être impartiales et approfondies, et doivent atteindre tous les responsables des abus, y compris au plus haut niveau du gouvernement », ajoute-t-elle.  

Les manifestations ont également fait des morts du côté des forces de l’ordre : six soldats sont morts noyés après avoir été emportés par une rivière en tentant de fuir des manifestants qui les menaçaient, et un policier a été tué.  

Au total, plus de 1300 personnes ont été blessées, dont des centaines de policiers.  

La justice enquête sur la présidente Boluarte, âgée de 60 ans, mais également sur plusieurs ministres et anciens ministres pour des crimes présumés de « génocide, homicide aggravé et blessures graves ».  

Le gouvernement péruvien a catégoriquement rejeté ces accusations. Dina Boluarte bénéficie d’une immunité, du fait de sa fonction, jusqu’à la fin de son mandat en juillet 2026.