(Brasilia) L’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro a nié mercredi toute implication dans les émeutes du 8 janvier à Brasilia, affirmant à la Police fédérale qu’il avait publié « accidentellement » une vidéo qui contestait la victoire électorale de son successeur de gauche Lula.

M. Bolsonaro, 68 ans, a été auditionné pendant plus de deux heures au siège de la Police fédérale de Brasilia, mais est sorti sans faire de déclaration, à bord d’un véhicule aux vitres teintées.

Peu après l’audition, le responsable de sa communication, Fábio Wajngarten, a assuré aux journalistes que l’ancien chef de l’État (2019-2022) avait « condamné » le saccage « lamentable » des lieux de pouvoir à Brasilia, et qu’il avait « tourné la page de l’élection dès le jour de sa défaite ».

Le 8 janvier, Jair Bolsonaro se trouvait à Orlando, aux États-Unis. Il avait quitté le Brésil le 30 décembre, soit deux jours avant la fin de son mandat et l’entrée en fonction de Luiz Inacio Lula da Silva.

Ce dernier l’avait battu d’une courte tête à la présidentielle, deux mois plus tôt, une victoire que M. Bolsonaro n’a jamais reconnue.

Refusant le retour de la gauche au pouvoir, des milliers d’individus ont pris d’assaut, le 8 janvier, le Palais présidentiel, mais aussi le Congrès et la Cour suprême.

Les assaillants ont facilement franchi le cordon de sécurité pour tout détruire sur leur passage, y compris des œuvres d’art d’une valeur inestimable.

Ces émeutes ont entraîné plus de 1800 arrestations et rappelé l’invasion, en janvier 2021, à Washington, du Capitole par des supporters de l’ex-président américain Donald Trump.  

Vidéo controversée

Les violences à Brasilia, qui ont ébranlé la démocratie brésilienne, ont conduit dès le 13 janvier le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes à ouvrir une enquête sur une éventuelle implication de Jair Bolsonaro.   

PHOTO ADRIANO MACHADO, ARCHIVES REUTERS

L’ancien président Jair Bolsonaro a toujours nié avoir un joué quelconque rôle dans les émeutes qui avaient entraîné plus de 1800 arrestations et rappelé l’invasion, en janvier 2021, du Capitole des États-Unis.

L’une des raisons de l’ouverture de cette enquête est une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 10 janvier, soit deux jours après ces émeutes, par l’ex-président, contestant les résultats de l’élection de Lula.

Dans cette vidéo, un procureur affirmait que le président de gauche n’avait « pas été élu par le peuple », mais à la faveur de manœuvres de la justice électorale.

« Il s’agit d’une publication accidentelle, il n’a écrit aucun commentaire [sur la vidéo] et l’a supprimée peu après », a affirmé Paulo Bueno, l’un des avocats de Jair Bolsonaro, après l’audition à la Police fédérale.

Selon lui, l’ex-président était en outre sous l’effet de médicaments, car il venait d’être hospitalisé pour des problèmes intestinaux au moment de la publication.

Une commission d’enquête parlementaire a par ailleurs été instaurée mercredi au Congrès pour tenter d’éclaircir les nombreuses zones d’ombres concernant le 8 janvier à Brasilia, notamment les failles de sécurité qui ont permis aux assaillants d’accéder aussi facilement aux lieux de pouvoir.

Menace d’inéligibilité

Rentré des États-Unis fin mars, Jair Bolsonaro a déjà passé le 5 avril environ trois heures au siège de la police fédérale à Brasilia, dans le cadre de l’affaire des bijoux offerts par le gouvernement saoudien et entrés illégalement au Brésil.

Une source proche de l’ancien président a indiqué que M. Bolsonaro avait nié devant les enquêteurs avoir commis un quelconque délit et qu’il n’avait eu connaissance des bijoux saisis qu’en décembre 2022.  

Elle a également expliqué que les efforts déployés par la suite pour rendre les bijoux visaient à éviter les « vexations diplomatiques », compte tenu de la possibilité que ces cadeaux de grande valeur de l’État saoudien soient finalement vendus aux enchères.

C’était la première fois que M. Bolsonaro se présentait devant la police en tant qu’ex-président.

Il est aussi visé par 16 enquêtes du Tribunal supérieur électoral (TSE) et pourrait être condamné à huit ans d’inéligibilité, ce qui l’empêcherait de se présenter à la présidentielle de 2026.