(Madrid) Le président brésilien Lula, qui a récemment suscité la controverse au sujet de la situation en Ukraine, a de nouveau affiché ses divergences avec les Occidentaux mercredi en affirmant qu’il ne « ser[vait] à rien de dire qui a raison » entre Kyiv et Moscou, la priorité étant de négocier la paix.

« Personne ne peut mettre en doute le fait que les Brésiliens condamnent la violation territoriale de l’Ukraine par la Russie. Cette erreur a eu lieu, la guerre a démarré », a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva, en visite officielle en Espagne depuis mardi.  

Mais « il ne sert désormais à rien de dire qui a raison, qui s’est trompé. Désormais, ce qu’il faut faire c’est mettre fin à cette guerre », a insisté le président brésilien, lors d’une conférence de presse aux côtés du premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

« Personne ne dit “paix”, sauf moi, c’est comme si j’étais seul dans le désert », a-t-il regretté.

Critiquant l’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU, il a réitéré sa volonté de créer un « G20 de la paix », groupe de pays notamment émergents voulant œuvrer pour la fin du conflit en Ukraine.

Interrogé par un journaliste espagnol sur la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, Lula a affirmé qu’il ne lui « appartenait pas de décider à qui est la Crimée ».

« C’est aux Russes et aux Ukrainiens de discuter de cela », a-t-il insisté.

« Un agresseur et un agressé »

Le premier ministre espagnol, dont le pays est depuis le début du conflit sans ambiguïtés aux côtés de Kyiv, a salué mercredi l’« implication » de Lula pour la paix.  

Mais il lui a aussi rappelé qu’il y avait « dans cette guerre un agresseur et un agressé », l’Ukraine, « qui ne fait que lutter pour son intégrité territoriale, sa souveraineté nationale et sa liberté ».

« Il est important que nous nous impliquions tous », a ajouté M. Sanchez, qui s’est entretenu il y a quelques semaines à Pékin avec le président chinois Xi Jinping.

Selon le dirigeant espagnol, « il est fondamental que la voix du pays agressé […] soit écoutée et que sa proposition de paix soit prise en compte ».

Lula a suscité une vive controverse en affirmant le 17 avril à Pékin que les États-Unis devaient cesser « d’encourager la guerre » en Ukraine et que l’Union européenne devait « commencer à parler de paix ».

Des propos durement critiqués par Washington qui a accusé le Brésil de « faire l’écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits ».

Le président brésilien a également dit par le passé que les responsabilités de la guerre déclenchée par l’invasion russe en Ukraine en février 2022 étaient partagées entre les deux pays.

Il a par ailleurs reçu lundi à Brasilia le ministre des Affaires étrangères russe Serguei Lavrov, qui a « remercié » le Brésil pour sa « contribution » dans la recherche d’une solution au conflit et pour « son excellente compréhension de la genèse de cette situation ».

Invité à Kyiv pour qu’il « comprenne les causes réelles et l’essence » de la guerre, le chef d’État brésilien a annoncé depuis le Portugal, où il était en visite avant d’aller en Espagne, qu’il y enverrait son principal conseiller en politique étrangère Celso Amorim, pour une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Lula, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, effectue son premier voyage officiel en Europe depuis son retour au pouvoir en janvier. Il souhaite remettre son pays au centre de la géopolitique mondiale.