(Lima) La présidente du Pérou Dina Boluarte doit être interrogée mardi par le parquet dans le cadre d’une enquête visant à déterminer sa responsabilité dans les morts survenues durant les manifestations contre son gouvernement, a rapporté dimanche une avocate de la cheffe de l’État.

Mme Boluarte « veut aider à la découverte de la vérité », a déclaré son avocate Kelly Monténégro au journal El Comercio. « Nous allons nous conformer à tout ce que le parquet » demande, a-t-elle assuré.

Le parquet a ouvert une enquête contre Mme Boluarte le 10 janvier pour des délits présumés de « génocide, d’homicide qualifié et de blessures graves » lors des manifestations antigouvernementales de décembre 2022 et janvier 2023.

Plusieurs ministres et anciens ministres de son gouvernement sont également visés par cette enquête.

Le Pérou est empêtré dans une grave crise politique et sociale qui a éclaté le 7 décembre avec l’éviction et l’incarcération de l’ancien président de gauche Pedro Castillo, remplacé par sa vice-présidente Dina Boluarte.

M. Castillo, 53 ans, est accusé d’avoir tenté un coup d’État en voulant dissoudre l’Assemblée qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Il purge une peine de 18 mois de prison dans un centre de détention près de Lima.

Sa chute après dix-sept mois au pouvoir a déclenché de violentes manifestations qui ont fait 48 morts et plus de 600 blessés dans des affrontements entre ses partisans et les forces de l’ordre. Dix civils et six militaires ont encore été blessés samedi dans la région de Puno.

Les protestataires exigent la démission de Mme Boluarte, la dissolution du Parlement et la tenue d’élections anticipées en 2023.  

Un soldat noyé et 5 disparus

Un soldat s’est noyé et cinq autres ont disparu dimanche, emportés par une rivière alors qu’ils tentaient de fuir des manifestants antigouvernementaux qui les menaçaient dans la région de Puno (sud), a annoncé l’armée.

« En raison des difficultés, du débit de la rivière et de l’attaque avec des pierres et d’autres objets contondants par un groupe de manifestants, six membres d’une patrouille ont été emportés par le courant, ce qui a entraîné la mort par noyade du caporal Franz Canazas », a indiqué le commandement des forces armées dans un communiqué.

« En outre, cinq soldats sont portés disparus » dans les eaux déchaînées de la rivière Ilave, a-t-il ajouté.

Cette patrouille, qui se dirigeait vers la ville de Juli où des manifestations ont fait au moins 16 blessés samedi, a été interceptée par des protestataires qui ont menacé les soldats avec des pierres, des frondes et d’autres objets, selon l’armée.

Face à cette situation, « la patrouille a décidé de prendre un chemin alternatif, qui comprenait le franchissement de la rivière Ilave, pour éviter l’affrontement », a expliqué le commandement.

Agence France-Presse