(Buenos Aires) Le président argentin Alberto Fernandez a lancé mercredi une procédure parlementaire de destitution de la Cour suprême pour « mauvais exercice de ses fonctions », nouvelle étape du conflit entre le pouvoir et un appareil judiciaire qu’il souhaite réformer.

M. Fernandez (péroniste, centre gauche) a remis mercredi à des responsables de la Chambre des députés une demande de « procès politique » contre la Cour suprême, en demandant un « traitement législatif rapide ».

La démarche, au symbolisme fort, n’a presque aucune chance d’aboutir. Les députés doivent d’abord approuver le principe d’une enquête. Cette dernière, si elle a lieu, est menée sous 60 jours par une commission parlementaire. L’approbation des deux tiers de chaque chambre est ensuite requise pour dans un premier temps formellement « inculper », puis destituer les quatre juges de la Cour suprême de justice.

Or la coalition de centre gauche au pouvoir n’a la majorité absolue ni à la Chambre basse, ni au Sénat, même si elle y est le groupe le plus important.

L’initiative du chef de l’État fait suite à un jugement en décembre de la Cour suprême, fortement contesté par le pouvoir central, qui avait augmenté la proportion de recettes fiscales fédérales que devrait recevoir la capitale Buenos Aires, dont le maire est l’opposant de centre droit Horacio Larreta.

Le président a accusé la Cour « d’envahir arbitrairement les sphères de compétences exclusives des autres pouvoirs » de l’État. Il a dénoncé un « jugement politique, lié à une année électorale », M. Larreta étant un sérieux candidat pour l’élection présidentielle prévue fin 2023.

M. Larreta a en retour accusé M. Fernandez de « briser l’ordre institutionnel et de s’en prendre à l’État de droit et à la démocratie », en s’attaquant aux juges. Le camp gouvernemental « veut passer au-dessus des lois et changer l’arbitre », a-t-il dénoncé, assurant que l’opposition fera obstacle à la procédure.

Depuis le début de son mandat en 2019, Alberto Fernandez tente en vain de réformer le système judiciaire, largement discrédité et que pouvoir et opposition s’accusent mutuellement d’instrumentaliser.

Selon un sondage mi-2022, plus de 78 % des Argentins ont une image « négative » ou « très négative » du fonctionnement de leur justice.