(San José) Le conservateur Rodrigo Chaves, un ancien cadre de la Banque mondiale, a été élu dimanche président du Costa Rica pour un mandat de quatre ans, dans un des pays les plus stables d’Amérique latine mais en proie à une crise économique et sociale.

Le candidat centriste José Maria Figueres a reconnu la victoire de M. Chaves qui a recueilli 52,9 % des suffrages, contre 47,1 % pour son adversaire, a annoncé le Tribunal Suprême électoral (TSE) après dépouillement de 89 % des bulletins de vote.

Quelque 3,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans le petit pays d’Amérique centrale, depuis longtemps considéré comme le plus stable d’Amérique latine. Le scrutin s’est déroulé sans incident majeur.

« Le Costa Rica a voté et le peuple a parlé. En notre qualité de démocrates, nous respecterons toujours cette décision […] Je félicite Rodrigo Chaves et je lui souhaite le meilleur », a déclaré M. Figueres, l’ancien président, devant une foule de partisans.

« Je reçois avec la plus profonde humilité cette décision sacrée du peuple costaricien […] Ce résultat n’est pour moi ni une médaille, ni un trophée, mais une énorme responsabilité », a déclaré de son côté M. Chaves.

M. Chaves, 60 ans, promet d’apporter des solutions aux problèmes qu’affronte le Costa Rica : la dette extérieure, équivalente à 70 % du PIB, le taux de pauvreté de 23 % de la population, le chômage à 14 %, et les scandales de corruption dans le secteur public.

Outsider

Rodrigo Chaves, un économiste qui a claqué la porte du ministère des Finances du gouvernement sortant au bout de seulement 180 jours, a suivi une trajectoire fulgurante durant la campagne électorale.

Il s’était qualifié en outsider lors du premier tour le 6 février à la tête du tout nouveau Parti Progrès Social Démocratique (PPSD) et a grimpé très vite dans les sondages durant les deux mois de l’entre-deux tours.  

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Jose Maria Figueres

Il a ainsi surmonté auprès des électeurs le handicap d’avoir été sanctionné pour harcèlement sexuel de deux collaboratrices entre 2008 et 2013 alors qu’il travaillait pour la Banque mondiale.

Son rival José Maria Figueres, qui avait déjà gouverné le pays de 1994 à 1998, n’était pas non plus exempt de reproches.

Sans que cela n’aille jusqu’au procès, une enquête avait été ouverte contre l’ancien président, soupçonné d’avoir reçu 900 000 dollars en 2004 de la part de l’entreprise française Alcatel pour remporter des marchés publics. Exilé en Europe, M. Figueres avait refusé de répondre aux convocations de la justice et n’était rentré dans son pays qu’en 2011, une fois l’affaire prescrite.

 « Le 3 avril va être une véritable révolution dans l’histoire de ce pays. On va nettoyer la maison », avait lancé lors de sa dernière réunion M. Chaves, qui cultive une image de batailleur.

Le nouveau président ne disposera cependant pas de majorité au Parlement et devra composer avec les autres partis.

 « Il n’y a pas de travail ici »

Le président sortant Carlos Alvarado ne pouvait se représenter pour un second mandat consécutif, selon les termes de la Constitution.

 « Notre première préoccupation, c’est qu’il y ait du travail, de l’économie et de la sécurité », a déclaré Angela Marin, 58 ans, qui a voté à San José.

« Le prochain président doit tout changer ! Il n’y a pas de travail ici, il n’y a rien », a commenté dans une rue de la capitale Ana Briceño, un agent de voyage de 64 ans.

Le tourisme, l’un des principaux moteurs de l’économie du pays, a été durement frappé par la pandémie de coronavirus et le Costa Rica a subi la plus forte progression du chômage dans la région, avec le Pérou.

Mais le pays reste le « plus heureux » d’Amérique latine, selon le dernier rapport mondial sur le bonheur.