(Tegucigalpa) L’expulsion par la police d’une centaine de familles de la communauté autochtone Lenca, qui revendiquent la propriété d’un lopin de terre au Honduras, a été stoppée jeudi matin à la demande de la nouvelle présidente de gauche, Xiomara Castro.

Accompagnés à l’aube d’un juge avec un ordre d’expulsion, de nombreux policiers antiémeute se sont postés à l’entrée d’un terrain situé à 10 km au sud de la capitale Tegucigalpa.

Selon la décision de justice, les familles occupent ce terrain dit « Tierras del Padre » d’environ 200 hectares, propriété d’un homme d’affaires porteur d’un projet immobilier de construction de 10 000 logements.

Mais les représentants communautaires affirment qu’ils disposent d’un acte de propriété enregistré dans les archives nationales datant de 1739.

« S’il vous plaît Xiomara, les yeux fermés je vous donne mon vote. Vous êtes une mère, s’il vous plaît, ne nous enlevez pas » cette terre, a crié face aux policiers Ingris Vivas, une occupante en larmes, portant deux enfants dans ses bras.  

Au milieu de la confusion, la ministre des Droits de l’homme, Natalie Roque, et le conseiller présidentiel, Pedro Amador, envoyés par Xiomara Castro qui a pris ses fonctions le 27 janvier, sont arrivés sur les lieux.

« Nous ne tolérerons aucune agression contre une femme enceinte, un enfant ou un citoyen », a lancé M. Amador dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux le montrant aux côtés d’une femme enceinte.

« Nous sommes ici parce que cette communauté a le droit à la défense et à la protection », a déclaré Mme Roque, ajoutant qu’il ne s’agissait pas d’ingérence politicienne, mais de « l’engagement du gouvernement à défendre les droits des populations les plus vulnérables ».

Selon Danilo Cerrato, un porte-parole de la communauté Lenca, des discussions sont en cours pour reporter l’expulsion et trouver une issue au différend.

« Comment est-il possible qu’ils soutiennent ces propriétaires terriens qui ne sont ni d’ici, ni du Honduras. Comment est-il possible que nous, qui sommes nés ici, au Honduras, ne puissions pas avoir le droit à un morceau de terre pour y semer ce que nous pourrons manger demain ? », a protesté Olga Briones, une occupante de Tierras del Padre.

Selon la Confédération des peuples indigènes du Honduras, quelque 600 000 membres de l’ethnie Lenca, recensée depuis l’époque précolombienne, vivent au Honduras.