(Rio de Janeiro) Le président brésilien Jair Bolsonaro a minimisé mercredi l’augmentation vertigineuse de cas de COVID-19 avec l’arrivée du variant Omicron qui, selon les experts, pourrait prochainement surcharger à nouveau les hôpitaux.

« Omicron n’a tué personne. La personne qui est morte avait déjà des problèmes très sérieux, notamment aux poumons », a déclaré le chef de l’État dans un entretien au site Gazeta Brasil.

Ce patient de l’État de Goias (dans le centre-ouest du pays) a été le premier mort confirmé au Brésil du variant Omicron, selon les autorités municipales d’Aparecida de Goiania. Pour des experts, le variant serait déjà devenu majoritaire au Brésil.

« Omicron s’est déjà répandu dans le monde entier, et ceux qui savent de quoi ils parlent disent qu’il est fortement contagieux, mais avec une très faible létalité », a ajouté le président.

Certains disent même que ce serait un virus vaccinal.

Le président du Brésil Jair Bolsonaro

« Certaines personnes savantes et sérieuses, non liées à l’industrie pharmaceutique, disent qu’Omicron est bienvenu et qu’il peut être le signe de la fin de la pandémie », a insisté le président d’extrême droite.

Cette hypothèse gagne actuellement du terrain parmi des gouvernements et des scientifiques d’autres pays.

Interrogé par un journaliste brésilien à Genève au sujet de ces propos, Mike Ryan, chargé des situations d’urgence à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a dit qu’« aucun virus qui tue n’est bienvenu, surtout si la mort et les souffrances sont évitables ».

« Ce n’est pas parce que le virus est moins sévère (avec le variant Omicron) que la maladie est légère », a-t-il ajouté, cité par le site brésilien Uol.  

M. Ryan a précisé qu’il n’était pas au courant des propos du président brésilien avant la question du journaliste.

Explosion de cas

Selon le dernier bilan officiel du ministère de la Santé, publié mardi soir, le Brésil a enregistré 70 765 nouveaux cas de COVID-19 en 24 heures, huit fois plus qu’il y a deux semaines (8430).

La moyenne mobile des sept derniers jours est de 43 660 contaminations quotidiennes, du jamais vu depuis fin juillet.

Dans l’État de Rio de Janeiro (sud-est), par exemple, le nombre de cas quotidiens a augmenté de 1500 % en 15 jours. Malgré cela, le président Bolsonaro demeure farouchement opposé à toute mesure de restriction.

« Notre économie ne supporterait pas un nouveau confinement. Le Brésil entrerait en faillite », a-t-il affirmé lors de l’entretien à Gazeta Brasil.

Il a défendu à nouveau la thèse controversée de l’« immunité collective » que confèrerait une contamination de masse.

« L’immunité collective est une réalité. Une personne immunisée avec le virus a beaucoup plus d’anticorps qu’une personne vaccinée. […] Moi, par exemple, je ne suis pas vacciné et je vais très bien », a-t-il lancé, un an et demi après avoir contaminé.

Pour Jair Bolsonaro, la COVID-19 est une « maladie politisée » : « je suis peut-être le seul chef d’État au monde qui a eu le courage de donner son opinion ».

Depuis le début de la pandémie, le président brésilien a rejeté notamment le confinement, le port du masque et la vaccination.

Une commission d’enquête du Sénat a recommandé en octobre son inculpation pour neuf crimes, dont « crime contre l’humanité », pour avoir « exposé délibérément les Brésiliens à une contamination de masse », alors que plus de 620 000 personnes sont mortes du coronavirus dans le pays.