(Quito) Le président désigné d’Équateur, Guillermo Lasso, a annoncé lundi un « vrai changement », après sa victoire la veille qui clôt une période de domination de la gauche, marquée par la figure de l’ex-dirigeant socialiste Rafael Correa.

À 65 ans, l’ancien banquier l’a emporté avec 52,5 % des voix contre 47,4 % à l’économiste Andrés Arauz, 36 ans, dauphin de M. Correa, selon des résultats officiels portant sur 97 % des suffrages.

Catholique membre de l'Opus Dei

« Une nouvelle étape commence pour l’Équateur, durant laquelle toutes et tous, nous puissions vivre mieux. La démocratie, la liberté et les familles équatoriennes ont gagné », a tweeté le leader de la droite, fervent catholique et fidèle de l’organisation catholique ultraconservatrice Opus Dei.

« Nous allons travailler ensemble dès maintenant pour le vrai changement », a ajouté M. Lasso, qui s’était déclaré vainqueur peu après que M. Arauz ait reconnu sa défaite.

En dépit des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19, il y a eu des manifestations de joie à Quito et Guayaquil (sud-ouest), sa ville natale. Ses sympathisants ont parcouru les rues, en longs cortèges de voitures, klaxonnant et brandissant des drapeaux équatoriens.

L’ex-président Correa (2007-2017), qui vit en Belgique depuis son départ du pouvoir, a souhaité bonne « chance » à son opposant, lui demandant de mettre fin à la persécution politique dont il se dit victime, notamment depuis sa condamnation pour corruption.

M. Lasso succèdera le 24 mai à l’impopulaire Lenin Moreno, initialement adoubé par M. Correa, mais entré en conflit avec son ex-allié.

Crise économique et pandémie

Sa victoire a été saluée par la Maison-Blanche, le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne (UE), ainsi que le Brésil, le Chili, la Colombie et l’Espagne, entre autres.    

Il va prendre pour quatre ans la tête d’un Équateur confronté à une sévère crise économique, aggravée par la COVID-19, qui a fait plus de 17 000 morts sur 17,4 millions d’habitants.

Le PIB s’est contracté de 7,8 % en 2020 dans ce pays pétrolier affecté par la chute des cours du brut, où la dette globale représente 63 % du PIB.  

L’ex-banquier parie sur le libre-échange et la création d’emplois.

Mais il devra composer avec l’Union pour l’espérance (UNES) de M. Arauz, première force au parlement monocaméral, sans y détenir la majorité, devant le parti indigène Packakutik.

M. Lasso s’est engagé à faire vacciner neuf millions d’Équatoriens dans les cent premiers jours de son gouvernement, alors que seulement 183 000 environ l’ont été à ce jour.

« Je n’arrive pas avec une liste de ceux que je veux poursuivre ou en prison. Je veux voir tous les Équatoriens libres, qu’ils n’aient pas peur du gouvernement », a-t-il déclaré après sa victoire, se voulant rassurant envers ses opposants.