Alors que le Brésil est touché comme jamais par la pandémie, dépassant deux fois cette semaine le seuil des 4000 morts en une seule journée, une lueur d’espoir émane de Manaus, une ville de l’Amazonie. L’immunité conférée par une première infection semble protéger relativement bien contre le variant brésilien.

En janvier dernier, Manaus a été touché de plein fouet par la deuxième vague de la pandémie. Et pourtant, une étude avait calculé que 75 % de la population avait été infectée lors de la première vague.

La question était grave : est-ce que le variant brésilien échappait à l’immunité conférée par une première infection ? Si tel était le cas, cela signifiait qu’il échappait probablement aussi aux vaccins contre la COVID-19.

L’équipe internationale de chercheurs qui suit la situation à Manaus n’a pas une réponse hors de tout doute à cette question. Mais elle peut éliminer la possibilité la plus inquiétante.

« Le variant brésilien augmente un peu la capacité du SARS-CoV-2 à échapper à l’immunité donnée par une première infection », explique Michael Busch, virologue à l’Université de Californie à San Francisco. Il est le coauteur de toutes les études sur la COVID-19 à Manaus, notamment celle publiée dans Science, en décembre, qui a conclu que 75 % des habitants de la ville avaient été touchés par la première vague de la pandémie. Au printemps dernier, les images de fosses communes de cette ville d’Amazonie de 2 millions d’habitants avaient fait le tour du monde.

Une autre étude publiée fin février par M. Busch et ses collègues brésiliens a montré que le variant brésilien est de 25 % à 60 % plus susceptible d’échapper à l’immunité contre le SARS-CoV-2 que la souche de Wuhan qui a fait le tour du monde à la fin de l’hiver 2020.

Comme environ 10 % des gens qui sont infectés par la première souche peuvent être réinfectés, ça signifie que l’augmentation n’est pas dramatique.

Michael Busch, virologue à l’Université de Californie

Le variant brésilien peut donc échapper à l’immunité conférée par une première dose dans 12,5 % à 16 % des cas, selon le virologue californien. Cela signifie aussi que les vaccins demeureront probablement efficaces, selon lui.

Taux d’infection surestimé

En janvier, la deuxième vague a frappé Manaus si fortement que des hôpitaux ont manqué de bonbonnes d’oxygène, pas seulement de respirateurs. Pourquoi alors cette deuxième vague si dévastatrice, si les variants n’échappent pas beaucoup à l’immunité conférée par une première infection ?

« Il se peut que nous ayons surestimé le taux d’infection durant la première vague, dit M. Busch. Il a été calculé à partir des donneurs de sang jusqu’à l’été, et extrapolé par la suite. Il y a une petite possibilité que ça ne soit pas représentatif de la situation réelle. »

Le virologue de San Francisco cite un commentaire sur la deuxième vague publié en janvier dans The Lancet par ses coauteurs, qui avançait qu’elle pourrait s’expliquer par une morbidité et une infectiosité plus grandes du variant brésilien. « Ça pourrait hausser le seuil de l’immunité collective plus haut que 75 %, et ça pourrait réduire le nombre de cas avec peu de symptômes », dit M. Busch.

En chiffres

351 334 : nombre de morts de la COVID-19 au Brésil, au deuxième rang après les États-Unis

13 445 006 : nombre de cas de COVID-19 au Brésil

212 millions : population du Brésil

Source : Agence France-Presse