(Mexico) Le parquet mexicain a annoncé mardi avoir ordonné à des agences de sécurité gouvernementales de protéger leurs données liées à l’utilisation de Pegasus, dans le contexte du scandale de ce logiciel espion.  

« Toutes les agences de sécurité fédérales et étatiques pouvant disposer d’équipements logiciels pour effectuer des interventions de communications ont reçu l’ordre de protéger toutes leurs données en lien avec la passation d’un contrat de licence pour l’équipement Pegasus et d’autres (équipements) similaires », a déclaré le parquet dans un communiqué.  

Il a aussi annoncé enquêter sur les contrats signés en ce sens par Tomás Zerón, qui fut à la tête de l’Agence d’investigation criminelle de l’ancien Bureau du procureur général lors du mandat de l’ex-président Enrique Peña Nieto (2012-2018).

Recherché dans le cadre d’une enquête sur la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa (État de Guerrero, sud), Tomas Zerón est en fuite en Israël où il est visé par une procédure d’extradition.  

Le parquet mexicain a également fait perquisitionner les bureaux de la société KBH TRACK qui, selon lui, procédait à des écoutes téléphoniques pour le compte de plusieurs commanditaires qui n’ont pas encore été identifiés.

Il a précisé qu’un ancien commissaire à la sécurité nationale sous le gouvernement de M. Peña Nieto, Manuel Mondragón, avait aussi été placé sur écoute.  

Selon le site d’information Aristegui Noticias, au moins 15 000 numéros de téléphone mexicains ont été enregistrés dans le système. Cette liste a été obtenue dans le cadre du projet Pegasus, une enquête globale à laquelle participent plus de 80 journalistes de 17 médias et organisations dans le monde entier.

Mis au point par l’entreprise israélienne NSO Group et utilisé pour espionner des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, Pegasus a été employé pour mettre sur écoute des membres de la famille et des associés de l’actuel président mexicain Andrés Manuel López Obrador entre 2016 et 2017, selon Aristegui Noticias.  

Les écoutes ont eu lieu lorsque M. Lopez Obrador était à la tête de l’opposition au président Peña Nieto, indique le média, qui affirme que le CISEN (Centre d’investigation et de sécurité nationale), un organisme civil de renseignement dépendant du gouvernement, en était à l’origine.

Des proches des victimes de l’Ayotizanapa et des défenseurs des droits de l’homme ont également été pris pour cible, selon les enquêtes menées par des médias tels que le Washington Post, le Guardian et Le Monde.

Cette campagne d’espionnage au Mexique a également visé au moins 25 journalistes, dont l’un, Cecilio Pineda, a été tué en mars 2017 après un reportage sur des liens présumés entre des hommes politiques et des criminels dans l’État de Guerrero, selon le consortium des médias internationaux à l’origine des révélations.