(Managua) Arturo Cruz a été interpellé samedi à l’aéroport de Managua à son retour des États-Unis, a annoncé le ministère public, deuxième candidat à l’élection présidentielle de novembre au Nicaragua à être arrêté cette semaine.

M. Cruz « fait l’objet d’une enquête de la police nationale, car il y a de forts indices qu’il ait attaqué la société nicaraguayenne et les droits du peuple », a affirmé le ministère public.

La police nationale a indiqué de son côté qu’elle menait « toutes les procédures d’enquête pertinentes et remettra la personne faisant l’objet d’une enquête aux autorités compétentes pour des poursuites et pour déterminer les responsabilités pénales ».

Arturo Cruz, 67 ans, s’est déclaré il y a deux mois candidat à l’élection présidentielle du 7 novembre sous les couleurs du parti Alliance citoyenne pour la Liberté (CXL, droite).

Selon la police, il fait l’objet d’une enquête pour des délits prévus dans la loi pour la défense des droits du peuple et de la souveraineté, votée en décembre.

Cette loi punit « les actes qui portent atteinte à l’indépendance, à la souveraineté et à l’autodétermination, qui incitent à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures, demandent des interventions militaires, s’organisent avec le financement de puissances étrangères pour commettre des actes de terrorisme et de déstabilisation ».

Pour le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH), l’arrestation de M. Cruz répond à une « stratégie perverse » du gouvernement de Daniel Ortega pour intimider ceux qu’il considère comme des ennemis politiques. « Il ne s’agit pas d’enquête pénale, mais de persécution politique ».

« La communauté internationale s’est exprimée : sous Ortega, le Nicaragua devient un paria international et s’éloigne de plus en plus de la démocratie », a déclaré sur Twitter Julie Chung, qui dirige le Bureau des affaires de l’hémisphère occidental au département d’État américain. « Les États-Unis demandent sa libération immédiate », a-t-elle ajouté.

M. Cruz a été ambassadeur du Nicaragua aux États-Unis entre 2007 et 2009, sous le gouvernement sandiniste. Après avoir démissionné de ce poste, il a repris ses activités universitaires à l’Institut centraméricain d’administration des affaires (INCAE).

Chamorro assignée à résidence

Le candidat est rentré des États-Unis ce samedi sans avoir informé du motif de son déplacement.

La veille de son arrestation, il avait signifié sur Twitter qu’il évaluait la possibilité de retirer sa candidature en raison des « intimidations » orchestrées par le pouvoir.

L’arrestation d’Arturo Cruz intervient quatre jours après l’arrestation d’une autre personnalité candidate de l’opposition, la journaliste Cristiana Chamorro.

Mme Chamorro, 67 ans, est assignée à résidence depuis mercredi, selon ses proches. De nombreux pays ont demandé au président Daniel Ortega sa libération immédiate.

Le gouvernement a demandé au ministère public d’enquêter sur elle pour blanchiment d’argent présumé via la fondation qui porte le nom de sa mère, une accusation que la candidate considère comme une « farce » pour l’évincer de la course électorale.

Mme Chamorro fait figure de principale concurrente à M. Ortega, qui n’a pas encore annoncé s’il briguait un quatrième mandat.

Le tribunal électoral, constitué de magistrats proches du parti au pouvoir Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), a déjà écarté de la compétition électorale le Parti de restauration démocratique (PRD, évangélique) et le Parti conservateur (PC, droite), l’un des plus anciens du pays.