(Caracas) L’opposition vénézuélienne a dénoncé mercredi un décret du président Nicolas Maduro qui, selon elle, va permettre aux autorités de mélanger les prisonniers politiques à ceux de droit commun dans les prisons d’un des pays les plus violents du monde.  

Le décret 4610 du journal Officiel prévoit que la Direction générale de la contre-intelligence militaire (DGCIM) et le Service bolivarien d’intelligence nationale (Sebin) doivent « transférer dans un délai de 30 jours […] aux services pénitentiaires la garde des personnes privées de liberté ».

La DGCIM et le Sebin détiennent la plus grande partie des 300 prisonniers politiques du pays, selon l’ONG de défense des Droits d’Homme Forum Penal qui se montre très critique du pouvoir.  

Ce transfert des prisonniers est « extrêmement grave étant donné que les prisons vénézuéliennes sont parmi les plus dangereuses au monde », a affirmé l’opposante Delsa Solorzano.

L’ancienne députée dit qu’elle dispose d’une liste de sept détenus « politiques » qui ont déjà été transférés dans des prisons de droit commun.  

Ce décret est adopté alors que pouvoir et opposition ont multiplié les déclarations pouvant déboucher sur une reprise des négociations au point mort depuis 2019. Parmi les revendications de l’opposition, « la libération de tous les prisonniers politiques ».

« Si tu traites les prisonniers politiques comme des prisonniers de droit commun, ils deviennent des prisonniers de droit commun. Et c’est ce que veut prouver le régime, qu’il n’y a pas de prisonnier politique », accuse Mme Solorzano.  

La CPI a ouvert en 2018 une enquête préliminaire pour de possibles crimes contre l’humanité du pouvoir du président Maduro, notamment après la vague de manifestations de 2017 et pendant laquelle une centaine de personnes ont trouvé la mort.  

Les autorités ont qualifié de « grande farce » ces accusations. Ces dernières semaines, des membres des forces de l’ordre impliqués dans la mort de manifestants ont été condamnés à de lourdes peines de prison.