(Buenos Aires) Plusieurs milliers de femmes, brandissant un foulard vert, ont réclamé une nouvelle fois la légalisation de l’avortement en Argentine, où le nouveau président Alberto Fernandez a dit son intention de revenir sur la loi en la matière.

« Nous sommes là pour lutter pour que la légalisation ait lieu cette année. Une grossesse non désirée est synonyme de torture », a déclaré à l’AFP Antonella D’Alessio, psychologue.  

Les manifestantes se sont rassemblées devant le Parlement argentin, où en juin 2018 les députés avaient adopté la légalisation, qui avait finalement été rejetée par le Sénat, sous la pression de l’Église catholique et des groupes protestants évangéliques.  

La légalisation est « importante car elle donne la possibilité à toutes d’avoir accès à l’avortement à l’hôpital avec toutes les techniques nécessaires et non de mourir dans la clandestinité », estime Natalia Lissarrague, une infirmière de 38 ans, qui s’est vêtue de vert, couleur de ralliement dans le pays des proavortement.  

Les manifestantes demandent notamment qu’un nouveau projet de loi soit débattu au Parlement dès le 1er mars, à l’ouverture des sessions parlementaires.  

Le président argentin de centre gauche Alberto Fernandez, a déclaré à plusieurs reprises son intention de revoir la loi argentine sur l’avortement, en « mettant fin à la pénalisation », sans toutefois préciser s’il avancerait sur la légalisation.  

Son ministre de la Santé, Gines Gonzalez Garcia, est un fervent défenseur de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

« Nous avons beaucoup d’attentes », a dit à l’AFP Mabel Gabarra, avocate et fondatrice de la campagne pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit.  

En Argentine, l’avortement est autorisé en cas de viol ou quand la vie de la mère est en danger. Selon les organisations féministes, environ 400 000 avortements illégaux sont réalisés chaque année en Argentine.  

L’Église catholique se mobilise également.  

Elle a annoncé la célébration d’une messe pour la défense de la vie « depuis la conception jusqu’à la mort naturelle » le 8 mars, Journée internationale des femmes, coup d’envoi d’une nouvelle campagne contre la dépénalisation de l’avortement.  

Et les évangéliques veulent demander l’organisation d’un référendum sur la question.  

Selon la dernière enquête sur les croyances et les attitudes religieuses menée dans le pays, entre 2008 et 2019, la proportion de ceux qui affirment que l’avortement est un droit de la femme a doublé.