(Rio de Janeiro) Le Brésil a franchi vendredi le cap des 70 000 morts du coronavirus, et avec un niveau de nouvelles contaminations en 24 heures toujours très élevé – plus de 45 000 – qui ne laisse pas entrevoir une rapide inflexion de la courbe de la pandémie.

Après avoir enregistré 1214 décès supplémentaires au cours des dernières 24 heures, soit le chiffre quotidien le plus élevé parmi les pays touchés dans le monde, le plus grand pays d’Amérique latine déplore au total 70 398 morts de la COVID-19, a annoncé le ministère de la Santé.

Les contaminations s’élèvent à plus de 1,8 million, avec 45 048 nouveaux cas en une seule journée, selon ces chiffres qui sont considérés largement sous-estimés par la communauté scientifique, le Brésil ne pratiquant pas de tests à large échelle.

Ce pays de 212 millions d’habitants a enregistré le plus de cas de contaminations et de décès au monde derrière les États-Unis.

L’État de Sao Paulo (sud-est) est de loin le plus touché avec 17 442 décès (pour près de 360 000 cas confirmés), devant celui de Rio de Janeiro (sud-est également), qui déplore 11 280 décès pour près de 130 000 contaminations.  

Ceci n’a pas empêché ces deux États, les plus riches du pays, de mettre en œuvre récemment un retour progressif à la normale, avec la réouverture des cafés, bars, restaurants ou magasins.

Près de quatre mois après son premier mort de la COVID-19, le Brésil déplore un bilan quotidien de décès qui reste supérieur au millier depuis un mois.  

Cette caractéristique n’a pas été constatée dans la plupart des pays frappés par le coronavirus avant le Brésil. C’est une source d’inquiétude pour les experts selon lesquels le pays semble connaître un plateau, mais a un niveau élevé, et qui se prolonge.

Les autorités vont surveiller de près les courbes au cours des prochains jours alors qu’on peut redouter que la reprise des activités des restaurants ou des bars à Rio et auparavant à Sao Paulo n’entraîne un rebond.

« D’après nos projections, avec ces scénarios de déconfinement, le nombre de contaminations va continuer à augmenter jusqu’en octobre-novembre, avec des fluctuations », a déclaré à l’AFP Domingos Alves, coordinateur du Laboratoire de recherche sur la santé (LIS).

L’activité du virus varie aussi très largement selon les régions de ce pays aux dimensions continentales : si le nombre de morts reste stable dans le Sud-Est, il croît fortement dans le Sud et recule généralement dans le Nord.

« Petite grippe »

Le Brésil déplore toutefois 335 morts par million d’habitants, un chiffre inférieur à celui des États-Unis (403) ou de l’Espagne (607).

Mais cette moyenne cache de très grandes disparités régionales : ainsi l’État de Rio de Janeiro enregistre 653 morts par million d’habitants et celui du Ceara (Nord-Est) 742 – des niveaux comparables à ceux des pays touchés de plein fouet.

De même, après avoir atteint de plein fouet les capitales des États, la pandémie a gagné l’intérieur de ces États et des petites localités manquant souvent de lits en soins intensifs et de respirateurs.

Le président Jair Bolsonaro, 65 ans, a lui-même a été rattrapé par le coronavirus qu’il a souvent qualifié de « petite grippe ».  

Depuis l’annonce de sa contamination mardi, il assure se sentir « très bien » grâce à la prise d’hydroxychloroquine, dont les effets bénéfiques sont pourtant loin d’avoir été prouvés de manière incontestable.

Jair Bolsonaro a depuis le début minimisé la crise qui ébranle son pays et s’est montré farouchement hostile au confinement, au nom de la sauvegarde de la première économie d’Amérique latine.

La population de son côté est lasse d’un confinement qui, sans avoir été assorti de mesures coercitives, a duré plus de trois mois, et la distanciation physique s’est nettement relâchée.

Aucune politique nationale n’a été mise en œuvre au Brésil contre la pandémie. Les gouverneurs des différents États ont agi en ordre dispersé, tout en étant la cible de la vindicte de Jair Bolsonaro.