(Caracas) Les violentes échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants qui ont éclaté mercredi à Caracas en marge d’un défilé de partisans de l’opposant vénézuélien Juan Guaidó ont fait au moins 27 blessés, dont un par balle, ont annoncé les services sanitaires locaux.

Les heurts ont débuté en fin de matinée à proximité de la base aérienne militaire La Carlota, dans l’est de Caracas, lorsque des manifestants ont tenté de bloquer l’autoroute qui la longe.

Les protestataires, dont certains avaient le visage masqué, ont commencé à lancer des pierres et des cocktails Molotov en direction de la Garde nationale bolivarienne (GNB), un corps militarisé chargé du maintien de l’ordre, qui a répondu par des tirs de gaz lacrymogène.

À quelques centaines de mètres de là, plusieurs milliers de personnes manifestaient contre le président Nicolas Maduro à l’appel de Juan Guaidó, reconnu président par intérim du Venezuela par une cinquantaine de pays dont les États-Unis.

Le chef de file de l’opposition avait appelé, à l’occasion du 1er-Mai, à la « plus grande manifestation de l’histoire du Venezuela » pour déloger Nicolas Maduro du pouvoir.

AP

Dans les rues ensoleillées de Caracas, des carcasses de véhicules calcinés, signe des tensions de la veille, étaient encore visibles.  

C’est de cette même base de La Carlota que Juan Guaidó avait revendiqué mardi le soutien d’un groupe de soldats et appelé à un soulèvement militaire, qui a échoué.

Les affrontements se sont poursuivis tout au long de la journée de mercredi aux abords de la base.  

Un journaliste de l’AFP a entendu une rafale d’arme automatique, sans pouvoir déterminer son origine.

À un moment donné, un policier a délibérément tiré des balles en caoutchouc sur un groupe de journalistes dont la plupart étaient identifiés par un signe « press » accolé sur leurs gilets de protection, a expliqué un photographe de l’AFP. Au moins un journaliste a été blessé à cette occasion.

Un journaliste de l’AFP a vu un manifestant tirer contre des membres de la Garde nationale bolivarienne et des véhicules blindés dans une rue qui mène à la base de La Carlota.

Des affrontements ont eu lieu dans d’autres quartiers de Caracas. À La Florida, des manifestants dénonçaient ainsi sur les réseaux sociaux la « répression » dont ils s’estimaient victimes de la part de la police et de la Garde nationale bolivarienne.

En fin de journée, les autorités de Chacao, une municipalité de Caracas contrôlée par l’opposition, ont recensé 27 personnes soignées dans leur centre médical pour des blessures reçues en marge de la manifestation.

L’AFP a rencontré dans ce centre Miguel Ramirez, 17 ans, blessé par balle au pied. Il a dit avoir été touché alors qu’il se trouvait sur l’autoroute qui longe la base de La Carlota. « J’ai pas réussi à courir pour me cacher. Je me suis retourné et là j’ai vu que j’avais pris une balle au pied », a-t-il dit.

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Juan Guaidó a mené un rallye anti-Maduro mercredi à Caracas.

Mardi, des heurts violents s’étaient produits entre manifestants et forces de l’ordre lors de la tentative de soulèvement militaire à laquelle Juan Guaidó avait appelé, avant que Nicolas Maduro annonce l’« échec » de cette « escarmouche putschiste ».

Au moins une personne avait été tuée et plusieurs dizaines blessées dans tout le Venezuela, selon le gouvernement et des organisations de défense des droits de l’homme. À Caracas, 69 personnes avaient été blessées, selon les services sanitaires locaux.