Quelque 4500 migrants d'Amérique centrale en route vers les États-Unis sont arrivés depuis dimanche à Mexico, ignorant pour la plupart que le pays dont ils rêvent votait mardi pour les élections de mi-mandat, où l'immigration a été placée au coeur de la campagne de Donald Trump.

Alors que les Américains se dirigeaient vers les urnes pour un vote crucial pour la suite du mandat du président américain, ce n'était qu'un jour de plus sur la longue route vers le nord pour la caravane des migrants, en majorité honduriens.

« Je ne savais pas que les États-Unis organisaient des élections », a déclaré à l'AFP Jairo Velazquez, un jeune hondurien de 24 ans. « Nous n'avions pas accès à beaucoup d'informations sur la route ».

Les migrants ont passé la nuit sous des tentes ou dans les gradins d'un stade de Mexico, cherchant à récupérer leurs forces et à se réchauffer, alors que la capitale mexicaine est située à plus de 2200 mètres d'altitude.

Mardi matin, ils formaient de longues files d'attente pour prendre un déjeuner, fourni par les autorités mexicaines, qui gèrent cet immense refuge improvisé.

La recherche d'une connexion internet afin de parler à leurs proches restés au pays ou de quelque chose à manger pour compléter la petite portion d'oeufs et de haricots qui leur avait été servie préoccupait bien plus nombre de migrants que les élections législatives américaines.

Le président américain restait toutefois dans les esprits de certains.

« Donald Trump n'est pas le maître du monde. Le seul maître du monde, c'est Dieu », a commenté Uziel Cantillano, 31 ans.  

Cinq mille soldats déployés

« Les gens de là-bas nous soutiennent également, beaucoup de gens manifestent pour nous aux États-Unis, car ils savent que ce que nous combattons est très difficile, et Donald Trump ne comprend pas cela », a ajouté Claudia Garcia, une Hondurienne de 18 ans.

Cherchant à mobiliser sa base, M. Trump a ciblé la caravane, affirmant qu'elle était infiltrée par des criminels et des « Moyen-Orientaux », et a déployé quelque 5000 militaires pour protéger la frontière.

Le président américain a accusé ses adversaires démocrates de vouloir « effacer les frontières » et de faire passer « les clandestins avant les citoyens américains ».

Les autorités mexicaines ont indiqué n'avoir aucune preuve de la présence de criminels dans ce cortège, qu'elle estime à environ 5000 personnes, dont 500 convergeaient toujours mardi vers la capitale.

Certains migrants ont cependant indiqué à l'AFP être conscients de la présence parmi eux d'un petit nombre de jeunes délinquants.

Selon Gustavo Rodriguez Zarate, responsable du soutien aux migrants au sein du diocèse catholique de Puebla, qui a organisé leur hébergement dans cette ville, les trois quarts de la caravane sont constitués « de femmes, d'enfants, de personnes âgées ou vulnérables », « des jeunes hommes avec leur famille » composant le reste.

« Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des gens qui travaillent dur », assure Eber Josué, un Hondurien de 25 ans.

2800 kilomètres pour Tijuana

Les images de ces migrants forçant la frontière entre le Mexique et le Guatemala le 19 octobre ont alimenté la rhétorique de Trump sur la menace d'une « invasion ».

Les experts en immigration considèrent qu'il est très peu probable que cette caravane prenne d'assaut massivement la frontière américaine, même si certains essaieront de franchir clandestinement par petits groupes la frontière.

Faisant de l'auto-stop ou marchant sur le bitume chaussés parfois de simples sandales, les migrants, qui fuient la violence et la pauvreté, ont déjà parcouru 1600 kilomètres depuis leur départ le 13 octobre du Honduras.

Ils devraient se reposer quelques jours à Mexico avant de reprendre leur périple.

La frontière américaine se trouve à 1000 kilomètres de Mexico, mais de nombreux migrants veulent rejoindre Tijuana, dans le nord-ouest du pays, en Basse-Californie, et devront parcourir 2800 kilomètres.

Deux autres cortèges comprenant environ 4000 migrants traversent actuellement le sud du pays, sur les pas de la première caravane.

Selon la commission nationale des droits de la personne, entre 8000 et 9000 migrants se déplacent dans le centre et le sud du Mexique, avec pour but les États-Unis.  

Alors qu'ils reprennent des forces à Mexico, quelques migrants espèrent que les élections américaines changeront la donne.

« S'ils élisent un nouveau Congrès, ils nous donneront peut-être l'occasion d'entrer aux États-Unis », espère Carlos Rivera, 25 ans, un Hondurien portant une casquette aux couleurs du drapeau américain.