Dix-sept militantes de l'opposition au président nicaraguayen, Daniel Ortega, ont été rouées de coups vendredi dernier dans leurs cellules par des hommes armés de matraques, ont dénoncé mardi des organisations de défense des droits de l'homme.

Les femmes ainsi molestées ont des « lèvres éclatées, des traces de coups, des ecchymoses sur tout le corps », a indiqué dans un gazouillis l'ancienne guérillera sandiniste Dora Téllez, passée à l'opposition. Elle a accusé le gouvernement d'être l'instigateur de cet « acte lâche et criminel ».

« Des hommes vêtus de noir, armés de matraques semblables à celles utilisées par les paramilitaires pour réprimer les manifestations », ont fait irruption dans la nuit de vendredi à samedi dans les cellules de la prison pour femmes La Esperanza, dans la banlieue de Managua, a déclaré Julio Montenegro, avocat de l'ONG Commission permanente des droits de l'Homme à la télévision locale 100 % Noticias.

Selon le Comité pour la liberté des prisonniers politiques, qui regroupe les proches de 558 manifestants arrêtés, cette expédition avait pour but de punir les prisonnières pour avoir tenté d'empêcher le transfert d'une codétenue, Irlanda Jerez, dans une prison pour hommes.

Daniel Esquivel, époux d'Irlanda Jerez, a assuré qu'environ 70 hommes avaient alors frappé « sauvagement » les prisonnières, qui faisaient la chaîne pour empêcher le transfert.

Selon lui, les autorités pénitentiaires reprochent en outre aux détenues de chanter l'hymne national, d'utiliser les couleurs blanc et bleu du drapeau nicaraguayen et d'utiliser du rouge à lèvres, tous devenus des signes de ralliement de l'opposition.

Les manifestations de l'opposition, qui ont commencé il y a six mois contre une réforme des retraites ensuite abandonnée, ont donné le coup d'envoi d'un mouvement pour réclamer le départ du président Ortega et de son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo.