Le président colombien, Juan Manuel Santos, a affirmé vendredi à l'ONU à Genève qu'il faut « maintenant construire la paix » en Colombie, un processus qui prendra au moins 15 ans et qui doit passer par plus de justice sociale.

« La paix est bien plus que de faire taire les armes. Cela, nous y sommes déjà parvenus », a déclaré M. Santos, devant les délégués de la Conférence internationale du travail, réunis au Palais des Nations, siège européen de l'ONU.

« Nous commençons maintenant une tâche encore plus complexe : celle de construire la paix. Construire la paix, c'est comme une cathédrale, c'est un processus long et complexe, qui nécessite du temps. Brique par brique. Et nous ne faisons que commencer », a-t-il ajouté.

Pour M. Santos, qui a reçu en 2016 le prix Nobel de la paix en raison de ses efforts pour mettre fin à la guerre civile dans son pays, construire la paix est un « processus avec des dimensions politiques, économiques et sociales » qui prendra au moins 15 ans.

Après les accords signés avec la guérilla marxiste des Farc en 2016, le président Santos cherche à conclure un accord similaire avec la dernière guérilla active en Colombie, l'ELN (Armée de libération nationale), avec qui une négociation s'est ouverte à La Havane.

L'objectif de M. Santos est de parvenir à une « paix complète » en Colombie, un pays déchiré par un demi-siècle de conflit armé entre guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et agents de l'État, avec un bilan dramatique : huit millions de victimes entre ceux qui ont été tués, déplacés ou portés disparus.

Mais ses efforts pourraient être vains si la droite, opposée à ces négociations, remportait la présidentielle du 17 juin.

M. Santos a souligné vendredi à Genève que « le dialogue et l'action sont la formule pour construire pacifiquement, mais efficacement et solidairement, les relations qui doivent régir l'avenir du (monde du) travail, car ceux qui veulent la paix doivent cultiver la justice ».

Pour parvenir à une plus grande « justice sociale », il faut « plus d'emplois, moins de pauvreté, moins d'inégalités », a-t-il dit, insistant sur la nécessité de développer notamment les emplois décents et le dialogue social.

Le président a défendu son action dans de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé et l'accès aux habitations, mais a reconnu que « beaucoup reste à faire ».

« Une avancée particulièrement importante pour moi est d'avoir réussi à réduire l'écart entre riches et pauvres (...), c'est-à-dire l'inégalité. Et nous avons réussi à le réduire plus que n'importe quel autre pays d'Amérique latine », a-t-il dit, tout en reconnaissant qu'« il y a encore des écarts qui sont honteux ».