L'incertitude politique dans laquelle Haïti est plongée depuis l'expiration du mandat du président provisoire suscitait jeudi l'inquiétude de la communauté internationale et la colère de l'opposition alors que Jocelerme Privert s'estime encore en poste faute d'une décision prise par le Parlement.

L'ONU s'est déclarée « profondément préoccupée » par l'instabilité politique persistante en Haïti. Son secrétaire général « appelle l'Assemblée nationale à prendre une décision de manière urgente et à déterminer un arrangement viable pour la gouvernance provisoire qui assure l'achèvement des élections et le retour à l'ordre constitutionnel plein et entier sans plus attendre », selon une déclaration diffusée jeudi midi.

Jocelerme Privert avait été élu président provisoire par le Parlement le 14 février pour un mandat limité à 120 jours afin de combler la vacance du pouvoir héritée du départ sans successeur élu de l'ancien président Michel Martelly.

La période de 120 jours a pris fin mardi, mais les députés et sénateurs ne sont pas parvenus à tenir la séance en Assemblée nationale à laquelle ils étaient convoqués pour statuer sur le devenir du pouvoir présidentiel.

Mercredi soir, lors d'un message d'une vingtaine de minutes diffusé à la télévision, Jocelerme Privert a déclaré attendre « instamment que l'Assemblée nationale se réunisse tel que prévu et décide de la position à adopter ».

Entouré de ses ministres, il a affirmé que la situation était « sous contrôle », même si son mandat a techniquement pris fin et a donc laissé place à un vide institutionnel.

L'opposition refuse quant à elle désormais de reconnaître à Jocelerme Privert le titre de président de la République et l'accuse de dérive antidémocratique.

Haïti est plongé dans une crise politique profonde depuis la tenue du premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre dernier. Les résultats du vote avaient été largement contestés par l'opposition qui avait condamné un « coup d'État électoral » au profit de Michel Martelly.

Face aux contestations de l'opposition de l'époque et après le rapport de la Commission d'évaluation électorale, concluant que le scrutin avait été émaillé de « fraudes massives », les autorités ont décidé d'annuler le vote et de reprendre à zéro l'élection présidentielle.

Pour choisir leur prochain chef d'État, les plus de six millions d'électeurs haïtiens sont donc à nouveau appelés aux urnes les 9 octobre et 8 janvier prochains.