La guérilla colombienne des FARC a annoncé mercredi un nouveau cessez-le-feu unilatéral d'un mois après des semaines de regain d'hostilités, un geste salué par le gouvernement qui a toutefois demandé à la rébellion «plus d'engagements concrets».

Au lendemain d'un appel à l'apaisement par les quatre pays médiateurs qui accompagnent le processus de paix, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont annoncé une nouvelle trêve unilatérale après celle déjà observée de décembre à mai.

«Nous cherchons à créer des conditions favorables pour avancer avec l'autre partie (le gouvernement colombien, ndlr) dans la mise en place d'un cessez-le-feu bilatéral et définitif», a assuré à la presse Ivan Marquez, chef négociateur des FARC aux pourparlers de paix qui se tiennent depuis novembre 2012 à La Havane.

A compter du 20 juillet, ce cessez-le-feu prévoit comme le précédent une suspension des attaques des FARC. Celles-ci se réservent cependant le droit de répliquer en cas d'agression de l'armée.

Le président colombien a salué ce geste mais estimé qu'il fallait «plus, surtout des engagements concrets pour accélérer les négociations» et mettre fin au plus vieux conflit armé d'Amérique latine, dans un message posté sur son compte Twitter.

De son côté, le bureau des Nations unies à Bogota a estimé dans un communiqué qu'il s'agissait d'un «geste très significatif en faveur de la désescalade des hostilités» et «vraiment nécessaire» au vu de la situation sur le terrain.

Dans la soirée, le procureur général de Colombie, Eduardo Montealegre, a appelé le président colombien et les FARC à convenir d'un «cessez-le-feu bilatéral» et à signer «rapidement» les accords de La Havane.

«Continuer à négocier en contexte de guerre est devenu un modèle intenable», a-t-il déclaré à des journalistes.

Mardi, les gouvernements cubain et norvégien, garants du processus du paix, ainsi que ceux du Chili et du Venezuela, en leur qualité d'accompagnants des pourparlers, avaient lancé «un appel aux parties pour une désescalade urgente du conflit armé», face à la recrudescence des hostilités.

Après une période d'accalmie, à la faveur de la première trêve unilatérale observée par la guérilla d'extrême gauche, les affrontements armés s'étaient à nouveau intensifiés dès la mi-avril en Colombie, dans la foulée d'une embuscade tendue par les FARC qui avait tué 11 militaires dans la région du Cauca.

La guérilla avait rompu en mai sa trêve face à la reprise des combats et des bombardements de l'armée.

Depuis, une trentaine de rebelles ont été tués dans des opérations militaires et de récents sondages démontrent pour la première fois une perte de confiance de la population sur le bien-fondé du dialogue de paix mené à Cuba.

«Gilet de sauvetage politique» 

Mardi, Ivan Marquez a accusé le gouvernement d'avoir accru les incursions militaires sur les territoires contrôlés par les FARC lors de la dernière trêve. Bogota «n'a pas su mettre en valeur» ce premier geste de la guérilla, a-t-il affirmé.

Mais un changement semble s'être opéré du côté de l'exécutif: après l'avoir longtemps écarté, il a ouvert la porte samedi, pour la première fois, à un éventuel cessez-le-feu bilatéral sous certaines conditions.

Dans le même temps, un des négociateurs des FARC, Pastor Alape, expliquait à l'AFP qu'il était peu probable que la rébellion renouvelle l'expérience d'une trêve unilatérale, avant que l'annonce de mercredi ne vienne le démentir.

Pour Ariel Avila, chercheur à la Fondation Paix et Réconciliation, ce geste des FARC, sorte de «gilet de sauvetage politique», s'explique par la pression de l'opinion publique sur le processus de paix.

«Le chemin vers un cessez-le feu bilatéral est de nouveau ouvert», mais «cela se fera petit à petit», estime-t-il, évoquant un processus de «quatre ou cinq mois».

La Colombie est le théâtre depuis plus d'un demi-siècle d'un conflit opposant guérillas d'extrême gauche, forces armées et milices d'extrême droite ayant fait 220 000 morts et plus de cinq millions de déplacés.

Les pourparlers de La Havane, quatrième tentative du genre entre FARC et gouvernement, ont pour l'instant permis de nouer des accords partiels sur trois des six points à l'agenda.

Une annonce est attendue ces prochains jours sur le quatrième volet des négociations, la réparation aux victimes.

Fondées en 1964 dans la foulée d'une insurrection paysanne, les FARC, principale rébellion du pays, comptent encore selon les autorités près de 8000 combattants, essentiellement repliés dans les régions rurales.