Des milliers de Guatémaltèques ont à nouveau manifesté samedi pour exiger la démission du président Otto Pérez, soupçonné d'être impliqué dans un vaste scandale de fraude et corruption et menacé de perdre son immunité.

«Au nom de la dignité, qu'il démissionne», «Finie la corruption», «Otto, la prison t'attend», disaient certaines des banderoles portées par les protestataires lors de la manifestation, qui s'est déroulée dans le calme.

Selon les organisateurs, la manifestation, convoquée à travers les réseaux sociaux, a réuni plus de 30 000 personnes.

«Je manifeste mon rejet de la corruption. Le gouvernement est rempli de voleurs et le président est responsable, car il n'a pas empêché le vol. Au nom de la dignité, il doit démissionner», a déclaré à l'AFP le sexagénaire Marco Antonio Solares, venu défiler avec le drapeau bleu et blanc du Guatemala.

Ce nouveau rassemblement, qui suit de nombreux autres ces dernières semaines, survient alors qu'une commission parlementaire, formée vendredi, a été chargée d'étudier la levée de l'immunité du président.

La Cour suprême de justice avait décidé mercredi de lancer une procédure à l'encontre du mandataire, demandant au Parlement d'étudier le possible retrait de son immunité.

Elle donnait ainsi son feu vert à la requête formulée par le député de l'opposition Amilcar Pop du parti Winaq, fondé par la militante indigène et prix Nobel de la paix Rigoberta Menchu.

Ce dernier affirme que le président était au courant des activités illicites des hauts fonctionnaires ayant commis des fraudes au détriment du service des douanes et de la Sécurité sociale.

Otto Pérez, qui nie farouchement ces accusations, a répété à plusieurs reprises qu'il ne démissionnerait pas avant la fin de son mandat le 14 janvier 2016, malgré les manifestations exigeant son départ.

La crise gouvernementale a éclaté en avril lors de la mise au jour d'un réseau de corruption et de fraude aux taxes douanières, qui a entraîné la démission de la vice-présidente Roxana Baldetti le 8 mai.

Le président de la banque centrale et celui de la sécurité sociale (IGSS) du Guatemala ont par ailleurs été arrêtés, soupçonnés de fraude dans l'attribution par l'IGSS d'un contrat de 14,5 millions de dollars.