La guérilla des Farc observe à partir de dimanche un cessez-le-feu unilatéral d'un mois en Colombie dans un climat agité, les négociations de paix avec les autorités ayant été bousculées par la destitution du maire de Bogota, une figure de la gauche.

La rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a demandé à ses unités «de cesser le feu et les hostilités pendant 30 jours», dans un message envoyé la semaine dernière depuis La Havane, où se déroulent depuis un an les pourparlers de paix.

De son côté, le gouvernement de Juan Manuel Santos exclut toute trêve avant la signature d'un accord définitif qui mettrait fin à un conflit qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts en un demi-siècle. Face à cette position, la guérilla a prévenu qu'elle restait «en alerte face à toute opération ennemie».

Durant la journée de dimanche, les autorités ont annoncé avoir lancé ce week-end une opération dans la province du Cauca (sud-ouest), l'une des régions les plus touchées par le conflit.

L'offensive a provoqué la mort d'un membre des Farc, considéré comme l'auteur d'une tentative d'attentat contre un ancien ministre à Bogota l'an dernier, au cours de laquelle son chauffeur et son garde du corps avaient été tués.

Ce guérillero «planifiait d'autres actions importantes» dans le Cauca ainsi que dans la capitale colombienne, a indiqué la police dans un communiqué.

Le cessez-le-feu temporaire de l'insurrection intervient en outre une semaine après un petit coup de tonnerre en politique, la destitution du maire de Bogota, Gustavo Petro, ex rebelle du M-19 (Mouvement du 19 avril), une guérilla urbaine dissoute en 1990, devenu un symbole de la gauche.

Les Farc ont affirmé que cette sanction, prise par un organisme de contrôle de l'État indépendant du pouvoir judiciaire, était un «grave coup» contre le processus de paix et un «attentat contre l'instauration d'une vraie démocratie en Colombie».

Assurant que la guérilla s'était sentie «trompée», le maire de la capitale, qui a fait appel de cette décision, a lui même estimé que l'objectif était de «saboter» les négociations, en appelant au président Santos, dans un entretien à l'AFP.

Le chef de l'État s'est depuis dit convaincu que la situation serait «bientôt résolue» par «les voies institutionnelles», tandis que le parquet colombien s'est lui même saisi de cette affaire, afin de déterminer si la destitution du maire était conforme à la loi.

Le chef du parquet colombien Eduardo Montealegre a admis auprès de l'AFP que l'affaire Petro pouvait avoir un «impact très grand sur le processus de paix», soulignant l'importance de «la construction de la confiance».

En attendant, les experts estiment peu probable une suspension des négociations ou du cessez-le-feu des Farc. La politologue Laura Gil ne croit pas «que la destitution de Petro va enrayer le processus de paix qui a sa propre dynamique».

Si la trêve provisoire des Farc se confirme, il s'agira de la seconde depuis l'ouverture des négociations de paix.

Lors du démarrage des discussions de La Havane en novembre 2012, la rébellion marxiste avait déjà observé, en guise de geste de bonne volonté, une trêve unilatérale de deux mois entre le 20 novembre 2012 et le 20 janvier 2013, sans convaincre le président Santos de l'imiter.

Au pouvoir depuis 2010, le chef de l'État, candidat à sa réélection l'an prochain, a de nouveau exhorté l'armée «à rester sur l'offensive», sans «laisser une minute de répit» aux assaillants.

Après un nouvel attentat attribué aux Farc, qui a fait huit morts, dont deux civils, dans le sud du pays il y a un peu plus d'une semaine, M. Santos a souligné qu'il fallait empêcher la rébellion d'avoir «la capacité de perpétrer de telles actions».

Fondées en 1964, les Farc, qui comptent entre 7000 et 8000 combattants, forment le principal mouvement de guérilla de Colombie et le plus ancien d'Amérique latine avec près d'un demi-siècle de lutte armée contre l'État colombien.