L'ex-président péruvien Alberto Fujimori, condamné à 25 ans de prison pour violations des droits de l'homme, sera maintenu en détention après le refus d'un juge mardi de lui accorder la résidence surveillée pour des raisons de santé.

Après une audience de 30 minutes, au cours de laquelle M. Fujimori, tête baissée et les yeux fermés, n'a pas fait de déclaration, le magistrat Segundo Morales Parraguez a jugé la requête de l'ancien président «infondée».

Ses avocats et le clan Fujimori, qui font campagne pour sa libération, affirment que l'ex-président est gravement malade et qu'il ne doit pas mourir en prison. Il souffre, selon eux, d'hypertension artérielle et a déjà été opéré à plusieurs reprises d'un cancer la langue.

Un de ses avocats, William Castillo, a annoncé qu'il ferait appel et aurait recours si besoin aux tribunaux internationaux, comme la Cour interaméricaine des droits de l'homme.

Keiko Fujimori, fille de l'ancien président, ancienne candidate à la présidence, et figure de proue du mouvement pro-Fujimori, s'est déclarée «surprise de la décision».

«Nous avons fait cette demande en raison de son âge avancé et de son état de santé» a indiqué Keiko Fujimori, faisant état d'un «vide légal» dans ce domaine au Pérou.

En juin dernier, le président péruvien Ollanta Humala avait refusé d'accorder une grâce à Alberto Fujimori pour des raisons humanitaires.

Une commission médicale pénitentiaire avait alors conclu que M. Fujimori «ne souffrait ni d'une maladie en phase terminale, ni d'une maladie grave incurable et ne présentait pas non plus de troubles mentaux graves».

L'ancien président, âgé de 75 ans, purge une peine de 25 ans de prison pour violations des droits de l'homme et corruption.

Il affronte actuellement la justice pour avoir détourné, lorsqu'il était au pouvoir (1990-2000) des fonds publics destinés aux forces armées afin de financer plusieurs titres de presse à grand tirage pour qu'ils attaquent l'opposition et publient des articles à sa gloire.

Sa comparution lundi a dû être reportée au 7 novembre pour des «raisons de santé». Selon les recommandations de ses médecins, l'ex-homme fort du Pérou doit prendre des pauses de 15 minutes toutes les 45 minutes et les audiences ne doivent pas durer plus de deux heures.

Il n'est toutefois pas menacé par une condamnation dans ce dossier, les peines de prison n'étant pas cumulables au Pérou.

Au pouvoir depuis 1990, l'ancien président avait fui le Pérou pour le Japon, pays natal de ses parents, sur fond d'un énorme scandale de corruption, pour démissionner par fax depuis un hôtel de Tokyo à la fin 2000.

M. Fujimori ayant obtenu la nationalité japonaise, Lima a passé des années à tenter en vain de convaincre Tokyo de l'extrader. Après une longue bataille juridique, c'est finalement le Chili, où il s'était rendu en 2005, qui avait extradé M. Fujimori en septembre 2007.