Des dizaines de milliers d'étudiants chiliens ont manifesté jeudi dans le centre de Santiago pour demander une réforme du système éducatif mis en place par la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

La manifestation intervient à moins d'une semaine de la commémoration du 40ème anniversaire du coup d'État du 11 septembre 1973 lorsque le gouvernement du président démocratiquement élu Salvador Allende (socialiste) a été renversé par un coup d'État militaire dirigé par le général Augusto Pinochet.

Les manifestants, 80 000 personnes selon les organisateurs et 50 000 selon la police, portaient des pancartes demandant la «fin à l'éducation du tyran».

Avant la fin de la marche, organisée par la Conféderation des Étudiants du Chili (Confech), des heurts ont opposé une centaine de protestataires encagoulés armés de cailloux et de bâtons aux agents des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau.

Selon un rapport de la police, quelque 214 personnes ont été interpellées lors des incidents au cours desquels 34 policiers ont été blessés.

Depuis 2011 les étudiants chiliens ont réalisé près d'une centaine de manifestations pour demander au gouvernement de Sebastian Piñera (premier président de droite depuis la fin de la dictature en 1990) une réforme du système éducatif, cher et inefficace, selon eux.

Le gouvernement chilien a présenté plusieurs projets de loi à destination du système universitaire, prévoyant notamment de diminuer le coût des crédits contractés par les étudiants pour financer leurs études, mais sans parvenir à calmer la fronde.

La gratuité des études fait d'ores et déjà partie du programme électoral de l'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet, candidate à la présidentielle du 17 novembre prochain et favorite dans les sondages.

Elle propose, si elle est élue, de lancer une réforme instaurant la gratuité des études universitaires d'ici à six ans.

«En ce qui concerne l'éducation, il s'agit d'un autre héritage de la dictature que nous voulons éliminer et qui fait partie de la situation que vivent des milliers de Chiliens auxquels a été imposé un modèle économique, politique et social», a déclaré Diego Vela, président de la Fédération des Étudiants de l'Université Catholique.

Avant la manifestation, les étudiants ont présenté un catalogue de 11 pages récapitulant leurs demandes, le qualifiant d'«invitation à débattre de l'éducation que nous voulons», selon le document.