Le comité international de la Croix Rouge (CICR) en Colombie s'est mobilisé samedi en vue de la libération d'un Américain,  présenté par les Farc comme un soldat capturé, les États-Unis assurant qu'il s'agit en réalité d'un touriste, alors que des affrontements meurtriers ont éclaté entre la guérilla et l'armée.

«Nous sommes en contact avec les parties», a indiqué à l'AFP un porte-parole du CICR, en référence au gouvernement et à la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). «Le CICR est prêt à offrir ses bons offices pour favoriser cette libération», a-t-il ajouté.

Les Farc avaient annoncé la veille avoir capturé le soldat américain Kevin Scott Sutay le 20 juin dernier dans la province du Guaviare (sud), proposant de le relâcher en signe de bonne volonté dans le cadre des négociations de paix, ouvertes depuis l'an dernier avec les autorités.

Selon la première guérilla du pays, qui compte encore 8000 combattants après 49 ans d'existence, son prisonnier a servi dans l'armée américaine du 17 novembre 2009 au 22 mars 2013 et a été envoyé en mission en Afghanistan entre 2010 et 2011.

Toutefois, l'ambassadeur des États-Unis à Bogota, Michael McKinley, a affirmé que l'otage était un «Marine» à la retraite, qui effectuait un voyage touristique en Colombie. «Il n'a rien à voir avec notre mission militaire, rien à voir avec le conflit armé», a-t-il déclaré.

Les États-Unis fournissent à la Colombie depuis plus de dix ans une aide militaire et logistique, dans le cadre de la lutte contre les guérillas et le trafic de drogue.

Le ministre colombien de la Défense, Juan Carlos Pinzon, a aussi précisé que la police avait  recommandé au touriste américain «de ne pas entrer dans certaines zones» du pays, tout en accusant les rebelles de «tromperie avec leurs fausses promesses».

Le même jour, six guérilleros des Farc et quatre militaires sont morts lors de combats dans le département de Caqueta (sud-ouest), a indiqué l'armée, précisant que trois soldats avaient été blessés et deux guérilleros capturés.

D'autres accrochages se sont déroulés dans le département de Arauca (nord), où sévit notamment l'ELN (Armée de libération nationale), la seconde guérilla du pays. La presse colombienne a fait état de 14 soldats tués, une information non confirmée officiellement.

Les Farc ont demandé que la mission humanitaire chargée de récupérer leur prisonnier soit composée de délégués du CICR et de l'ancienne sénatrice d'opposition Piedad Cordoba.

L'organisme international a déjà servi de médiateur, avec Mme Cordoba, pour la libération de nombreux otages des Farc.

Afin de permettre l'ouverture des pourparlers de paix, qui se déroulent depuis novembre 2012 à Cuba et qui doivent reprendre le 28 juillet, la guérilla s'était engagée à abandonner la pratique des enlèvements de civils contre rançon, avant de libérer les derniers policiers et militaires retenus en otage.

Toutefois, le mouvement de rébellion a prévenu qu'il se réservait toujours le droit de capturer des militaires.

En près de cinquante ans, le conflit colombien a fait quelque 600 000 morts, 15 000 disparus et près de quatre millions de déplacés, selon des chiffres officiels.

Dans un discours devant le Congrès, le président Juan Manuel Santos, qui n'a pas fait allusion à l'otage américain, a promis se «livrer à fond» pour la paix, estimant que les actuelles négociations avec les Farc offraient «une opportunité réelle».

Ces pourparlers, tenus en l'absence de cessez-le-feu en Colombie, ont déjà permis d'obtenir à un accord sur une réforme rurale. Elles doivent désormais aboutir sur d'autres chapitres épineux: la participation des Farc à la politique, le trafic de drogue, l'abandon des armes et la réparation pour les victimes.