Le secrétaire d'État américain John Kerry effectue mardi et mercredi son premier voyage ministériel en Amérique latine pour assister à l'assemblée générale de l'Organisation des États américains (OEA) au Guatemala où il doit défendre la politique antidrogue de Washington.

Cette brève escapade à Antigua survient au moment où l'OEA réfléchit à une légalisation de la marijuana, le ministre de l'Intérieur de l'Équateur, José Serrano, ayant même affirmé lundi que la dépénalisation de la consommation de drogues représenterait un coup dur pour les trafiquants en Amérique latine.

L'assemblée générale de l'OEA, qui regroupera des délégations des 34 pays membres, est intitulée «Pour une politique intégrale face au problème mondial des drogues en Amérique».

Mais l'éventualité d'une dépénalisation de la consommation ou de la production des drogues est fermement rejetée par les États-Unis, membres de l'OEA et principaux consommateurs mondiaux de cocaïne.

Certains États aux États-Unis ont dépénalisé la consommation «récréative» de marijuana, mais l'État fédéral en est encore très loin.

«La lutte antinarcotique fera bien entendu partie des discussions» entre M. Kerry et ses homologues latino-américains, a dit la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki, réitérant les inquiétudes de Washington sur les trafics de drogues en Amérique du Nord et Latine.

La secrétaire d'État adjointe pour l'Amérique latine Roberta Jacobson, qui accompagne le ministre, a dit espérer que «la position du gouvernement (américain) sur les drogues sera transmise clairement aux États-Unis et à l'étranger», reconnaissant que la «stratégie américaine» en la matière était parfois «mal comprise».

Elle a rappelé que son administration ne faisait pas seulement de la répression antidrogue, mais dépensait aussi «dix milliards de dollars par an pour la prévention».

Les premiers pas de M. Kerry en Amérique latine font suite au voyage fin mai du vice-président Joe Biden au Brésil, en Colombie et à Trinité et Tobago, au moment où le président chinois, Xi Jinping, entamait lui aussi une tournée régionale.

Le secrétaire d'État, qui a pris ses fonctions le 1er février après 29 ans passés au Sénat, avait eu en 2010 des mots peu amènes pour l'OEA, l'accusant de manquer de compétence et de transparence. «En passant deux jours à l'OEA, il montre clairement qu'il pense qu'elle demeure la première organisation multilatérale du continent», a défendu Mme Psaki.